23 novembre 2010

Les volcans italiens, mythe et réalité

par Claude ALSAC

8. À partir du 4e siècle av. J.-C. :

Aristote et la théorie des vents souterrains

 

Après les premiers schémas présentés par Empédocle et Platon sur la constitution de la matière et les mécanismes des éruptions*, Aristote (384-322 av. J.-C.) a présenté une explication d’ensemble des mécanismes aboutissant au déclenchement des séismes et des éruptions. Pour lui c’est l’exhalaison de l’eau enfermée dans les roches poreuses et surtout  les mouvements violents des vents engouffrés sous terre lors des tempêtes et relâchés sous pression qui sont à l’origine des séismes. Il étend ce schéma aux éruptions « l'île de Hiera (ancien nom de Vulcano), en cet endroit, une partie du sol s'est gonflée et une masse ressemblant à une butte s'est soulevée avec fracas ; finalement, cette boursouflure explosa et un grand souffle en sortit qui projeta des flammèches et des cendres. Celles-ci ensevelirent toute la ville de Lipara qui se trouve non loin de là. Il faut donc admettre que le feu qui se forme dans la terre a pour cause le fait que le choc enflamme l'air qui s'est préalablement réduit en fines molécules. »

Cette « théorie des vents souterrains » prévaudra jusqu’au 17e siècle, soit pendant presque 2000 ans !  Surprenante pour nous, elle doit être située dans son contexte. Aristote était non seulement un théoricien, mais aussi un observateur de terrain : c’est lui qui a, le premier, appliqué le mot « cratère » (désignant en grec les coupes) au bouches éruptives. Il a  d’une part  bien noté le rôle des gaz  (les « vents ») dans les explosions lors des éruptions et, d’autre part, pris en compte le fait que les volcans et les zones sismiques connus à son époque étaient situés en bordure de la mer, voire dans celle-ci. Un domaine où les vents et les vagues s’engouffrent violemment lors des tempêtes, dans les grottes et anfractuosités des falaises.



*  Pour Empédocle, les quatre éléments fondamentaux — l’air, l’eau, la terre et le feu — interagissent entre eux selon les forces de l’Amour et de la Haine. Selon la légende, ce philosophe se serait retiré au sommet de l’Etna pour résoudre le mystère du monde et de la création. N’ayant pas réussi à trouver de réponse à ses interrogations, il se serait jeté dans le cratère tout en laissant une de ses sandales afin que les hommes puissent connaître sa décision.
Platon se serait rendu en Sicile pour observer l’Etna. Il imagine dans Phédon (61) des « régions souterraines où coulent des fleuves intarissables d’eaux froides et chaudes » et, plus en profondeur un immense fleuve de feu, « C’est le fleuve Pyriphlegethon dont les courants de lave lancent des éclats en différents points de la terre ». Il  explique la formation des roches volcaniques à partir d’un magma fondu : « Parfois, lorsque la terre a fondu sous l’action du feu, puis s’est refroidie, il se forme une pierre dotée d’une couleur noire. ».

 

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