Année 2004-2005 : 25 janvier 2005

Paolo Veronèse,

par Gisèle KARCZEWSKI

 

2. Les œuvres de l’exposition

 

Des œuvres maniéristes :

Les œuvres de Véronèse exposées au Palais du Luxembourg qui représentent le mieux cette esthétique sont au nombre de quatre :

 

Des œuvres humanistes

L’humanisme atteint Venise tardivement : rappelons que Venise au 15e siècle n’est pas une capitale intellectuelle et qu’elle n’a pas d’université. Sa première bibliothèque due à Sansovino sera construite après 1584. Elle n’avait pas de quoi accueillir décemment le legs d’ouvrages antiques du Cardinal Bessarion en 1464 !

Venise émerge en tant que centre intellectuel avec l’arrivée de l’imprimerie en 1469 avec deux grandes figures : Jean de Spire et Alde Manuce. Avec eux l’Europe lettrée regarde vers Venise, en effet 100 à 200 ateliers d’imprimerie y fonctionnent, et entre 1480 et 1500 on y a imprimé 1 125 000 ouvrages. D’autre part Venise accueille des humanistes et des savants qui quittent Byzance ou l’Espagne de l’Inquisition.

Véronèse peintre officiel (après avoir gagné le concours de la Libreria ?) était introduit dans les milieux humanistes de sa cité d’accueil. Son protecteur était l’un de ces éminents humanistes D. Barbaro, patriarche d’Aquilée, promoteur du nouveau programme iconographique du palais des doges pour lequel il a travaillé.

Ces brillants humanistes vénitiens redécouvraient avec fascination l’Antiquité: D Barbaro par exemple publia en 1556 la première édition vénitienne du « De Architectura » de Vitruve à laquelle Véronèse participa en l’illustrant.


Portrait de Daniele Barbaro

Ces intellectuels apprécient particulièrement l’allégorie et les sujets mythologiques, langages codés qui nécessitent une  culture classique importante et une maîtrise de la métaphore.

 

Plusieurs allégories sont présentées dans cette exposition :

 

Véronèse humaniste s’exprime dans de somptueux sujets mythologiques qui représentent un tiers des œuvres exposées, c‘est dire que la lecture des passions humaines par ce truchement était particulièrement prisée.

Véronèse y excella. Ses sources sont multiples : les textes antiques notamment grecs publiés par Alde Manuce et ses suiveurs mais aussi latins comme les métamorphoses d’Ovide exécrées de la Contre-réforme ou encore l’histoire romaine de l’historien latin Tite-live, mais aussi un ouvrage contemporain publié à Venise par Vicenzo Cartari : les images des dieux des anciens.

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