Année 2002-2003 : 21 janvier 2003
L'histoire du carnaval de Venise,
par Gisèle Karczewski
3. Des réminiscences païennes, des similitudes avec dautres fêtes religieuses
On ne peut pas vraiment parler dorigines : les justifications documentaires manquent.
Le fait carnavalesque européen se rattache aux fêtes de la terre, aux cultes agraires de la régénération qui sont autant de rites païens qui remontent à lAntiquité.
Ces rites ont perduré malgré (et avec) la christianisation et les grandes invasions. Ils refleurissent autour de lan mil.
Il y a donc une filiation entre les fêtes hivernales antiques et le carnaval médiéval chrétien :
- Par le calendrier : entre le solstice dhiver et léquinoxe de printemps.
- Par le contenu : voici 8 exemples :
- dans lEgypte ancienne, lors des fêtes du dieu-taureau Apis, des processions , des festins, des mascarades étaient organisées. On faisait la fête pendant 7 jours avec force banquets, danses et divertissements divers et à lissue de cette période un taureau gras était sacrifié (ceci nest pas fortuit pour lévocation du carnaval de Venise).
- en Grèce ancienne et à Rome les Dionysies ou les Bacchanales célébrées en hiver et au début de Mars étaient des fêtes de la fertilité mais aussi de livresse et des jouissances, elles étaient marquées par des danses, des déguisements, des masques : tous se travestissaient pour vivre quelques jours leur vraie nature, cétait une expérimentation du désordre !
- les saturnales romaines sont certainement les fêtes antiques les plus proches du carnaval médiéval : on y rendait un culte à Saturne dieu de lagriculture et dun âge dor révolu. Cela se traduisait par des sacrifices des festins, des danses ,des chants, des jeux dinversion dans lesquels toute hiérarchie était abandonnée.
- les calendes de janvier dédiée à Janus (premier roi légendaire du Latium) se voulaient aussi être un retour momentané à un âge dor révolu : festif, joyeux, égalitariste.
- les Lupercales en lhonneur du dieu PAN à la mi- février, fêtes aussi de la fertilité aussi étaient animées de cortèges et de masques et de licences.
- les Matronales le 1 mars étaient loccasion de mettre les femmes à lhonneur( inversion) : les femmes prenaient le pouvoir,
doux temps !
Des rapprochements peuvent aussi être fait avec le Judaïsme et lIslam
- la fête juive du Pourim ( Esther qui a déjoué un complot) qui a lieu en Février est loccasion dune fête libératoire qui conclut une période de jeûne.
- Enfin le Ramadan musulman (le calendrier est mobile) dont la fête finale le Baïram suscite le ram-dam donne lieu à des réjouissances nocturnes libératoires.
On retrouve dans toutes ces festivités les ingrédients du carnaval
Le Christianisme ne voulait pas du carnaval parce que cétait pour lui une résurgence du paganisme. Mais il est évident que le calendrier des fêtes chrétiennes de lhiver : fête de la Nativité, de lEpiphanie, de la Chandeleur (fête des chandelles, de la présentation de Jésus au temple et de la purification de la Vierge) ont été influencées par les célébrations païennes. Ne pouvant empêcher le carnaval elle linséra dans le calendrier liturgique.