Année 2003-2004 : 16 décembre 2003

En Italie, la couleur grecque,

par Marie Annette Fourneyron

 

Au voisinage des Lucaniens qui vont la conquérir militairement mais être conquis par sa culture, une population qui nous a laissé de magnifiques témoignages de sa créativité dans tous les domaines de l’art : architecture, sculpture, peinture, …

La minorité dorique quitte la majorité achéenne de la colonie de Sybaris établie sur la côte ionienne et fonde (v. 600 av. J. C.) aux abords de la côte campanienne Poséidonia devenue Paistom après sa conquête par les Lucaniens en 410 av. J.-.C. (et la Paestum romaine plus tard). La civilisation de la population grecque restée sur place imprègne les conquérants et l’activité artistique de la ville trouve un nouvel élan, attesté par les fresques des tombes lucaniennes et les ateliers de poterie paestans.

En 1968, on fit à Paestum la trouvaille sensationnelle d’une tombe peinte, dont chaque dalle était recouverte de fresques qui peuvent être datées de 480/470 av. J.-C. et sont l’unique témoin de la peinture murale grecque des VIe et Ve siècles avant notre ère.

La célèbre “Tombe du plongeur” doit son nom au motif de la dalle de couverture. Le vide de l’espace, sa profondeur suggérée par les arbustes esquissés de part et d’autre du plan d’eau, l’élan du plongeur, le plongeoir qui dessine les colonnes d’Hercule aux confins du monde connu forment un tableau évocateur d’un plongeon dans l’au-delà de la vie.

 

 

  En 1969 puis 1972, les nécropoles à Paestum révélèrent d’autres tombes peintes, celles des Lucaniens, plus tardives, marquées par l’influence grecque mais aussi par leur goût et leurs traditions propres.

Dalle peinte dans une tombe lucanienne du 2e quart du IVe s. av. J.-C., provenant de la nécropole de Laghetto à Paestum. Le geste des deux pleureuses est rituel. Derrière elles, deux vases destinés aux offrandes, et deux grenades, fruits de Perséphone, reine des Enfers.

 

Dans la Paestum lucanienne, deux peintres renommés, Astéas et Python, travaillèrent dans un atelier de poterie actif durant les trois derniers quarts du IVe s. av. J.-C.

Ci-contre, La légende d’Alcmène sacrifiée par Amphitryon a inspiré Python. Amphitryon, à droite et Agénor à gauche, tentent d’allumer le bûcher, tandis que les Hyades déversent la pluie sur l’ordre de Zeus. L’Aurore (en-haut, à gauche) contemple la scène qui évoque sans doute une pièce perdue d’Euripide : l’auteur avait introduit le personnage d’Agénor et situé l’action à l’aurore.

 

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