J3, lundi 23 juin : CHIOGGIA-POMPOSA-COMACCHIO

Cap au Nord

 

Journée de plein air – direction nord – destination Chioggia

Cervia et le parc régional du delta du Pô :

Cervia est une cité dont le sort a toujours été lié à celui des salines dont l’exploitation remonterait à l’époque des Étrusques et servait de monnaie d’échange — au moyen âge passe sous la domination des Malatesta, seigneur de Rimini ; puis vendue à la République de Venise (1453) qui désirait avoir le monopole du sel indispensable à la conservation des aliments (oro bianco) puis propriété de l’état pontifical jusqu’en 1859 — n’appréciant pas le climat des marais, le pape Innocent XII fit détruire et rebâtir la cité à l’endroit actuel (début 1700).

Nous traversons le parc régional du delta du Pô, aire protégée de 52 000 ha, incluant les zônes humides et saumâtres de la côte adriatique : les salins de Cervia, les pinèdes du Lido di Classe, les terres de Ravenne, les marais de Comacchio oû l’on pratique dans ses nombreux canaux la pêche à l’anguille

Nous laissons à notre droite les nombreux Lidos de Comacchio dont Porto Garibaldi*, anciennement Magnavacca.
* En juillet 1849, chassé par les Français, Garibaldi quitte Rome avec deux cent cinquante hommes pour tenter de rejoindre Venise dernier bastion qui résiste aux Autrichiens ; à Cesenatico, le 1er août 1849, il s’empare de la cité et embarque avec ses hommes sur treize “bragozzi”, bateaux de pêche à deux mâts très courts — attaqué par une escadre autrichienne quatre “bragozzi” réussissent à échapper à leurs poursuivants et à aborder près de Magnavacca — il faut se disperser, Garibaldi porte lui-même sa femme qui agonise ; ils vont rester sur place cachés dans les hautes herbes puis trouver refuge dans une maison de pêcheur oû fut déposée Anita le 2 août 1849 oû elle va mourir le 4 août.

Puis, nous continuons sur la “Romea” — route SS 309 — qui relie Ravenne à Mestre, et en passant à proximité de Mesola, nous apercevons le robuste château de briques (voir ci-dessus) bâti en 1583 par les Este.

Chioggia :

Important port de pêche de 52 000 hab. au sud de la lagune de Venise. la visite commence par le pont Vigo qui enjambe le canal Vena et marque l’entrée dans la lagune, il fut construit en pierre en 1685 pour remplacer celui en bois détruit durant la guerre de Chioggia* de 1378, conséquence de différents politiques et commerciaux entre Venise, Gênes et Constantinople.

* le 6 août 1379, 47 galères gênoises sous les ordres de l’amiral Pietro Doria apparurent au large de Chioggia, tandis que Francesco da Carrara, son allié, assurait le blocus terrestre de Venise. La cité de Chioggia tomba le 16 août. Venise se trouvait assiégée attendant le retour de la flotte de Carlo Zeno alors loin en Orient mais ses assiégeants tergiversant ne peuvent la prendre — les mois passent — la population toute entière est mobilisée et la cité profite de ce répit pour renforcer ses défenses et reconstituer la flotte de l’amiral Vettor Pisani détruite en mai 1379 . C’est ainsi que dans la nuit du 22 décembre celui-ci lèva l’ancre et parvint à surprendre la flotte ennemie dans le port de Chioggia — les gênois sont à leur tour assiégés — le retour le 1er janvier 1380 de la flotte de Carlo Zeno permit le blocus de la cité – celle–ci capitula  le 22 juin1380.

Venise avait vécu le moment le plus dramatique de son histoire ! !

Ce pont conduit à la piazza Vigo — dominée par une colonne de marbre grecque surmontée d’un chapiteau byzantin du XIIe sur lequel se dresse le majestueux lion, symbole de la puissance de Venise — point de départ du Corso del Popolo pittoresque rue principale bordée de vieilles et nobles demeures — vers la piazza del Popolo oû l’on peut admirer la façade baroque et le campanile vénéto-byzantin du XIIe siècle de l’église Sant’Andrea.

En parcourant les “calli”, scène de la vie quotidienne : préparation des ”carciofi”, sans doute la variété “Precoce di Chioggia”, la lagune vénitienne étant de par son climat un lieu privilégié pour la culture de l’artichaut.

L'Abbaye de Pomposa

Nous reprenons la “Romea” direction sud avec étape près de Codigoro pour une visite de l’Abbaye de Pomposa.

C'est une très belle église préromane de style ravennate précédée d’un narthex dont la décoration marque le style byzantin.

À l’intérieur, magnifique pavement de mosaïques. L’espace est organisé en trois nefs séparées par une double rangée de colonnes de style ravennate-byzantin surmontées de chapiteaux finements ouvragés. Dans la voûte absidiale se trouve une fresque exécutée par Vitale di Bologna figurant un Christ en gloire entouré de la Vierge, d’anges et de saints. Les murs de la nef centrale sont recouverts de fresques réalisées par l’école bolognaise du XIVe siècle : scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, de l’Apocalypse. Sur le mur interne de la façade est représenté le Jugement dernier.

La salle capitulaire décorée de fresques du XIVe siècle représentant une Crucifixion, des portraits de San Benedetto et de San Guido, abbés de Pomposa.

 

Dans le réfectoire figurent trois fresques illustrant à gauche : la Cène, St Jean-Baptiste, les saints Benedetto et Guido ; à droite : le Miracle de San Guido qui transforme l’eau en vin en présence de l’archevêque de Ravenne Gebeardo.

À gauche de l’église, un admirable campanile roman (1063) qui se divise en neuf modules présentant des fenêtres toujours plus larges et plus nombreuses et présente d’élégantes bandes et arcatures lombardes.

Les parements en briques rouges et jaunes conservent quelques rares bassins en céramique : ils remonteraient au XIe siècle et proviennent de la Méditérranée (Egypte, Tunisie, Sicile).

Comacchio

Reprenant notre route nous entrons maintenant dans le “Polesine” et ses étendues formées par l’ancien delta du Pô, autrefois pauvre et malsain, maintenant transformé en région agricole : les “Valli di Comacchio”.

Aujourd’hui il ne reste que 11 000 ha de marais et de ce fait l’économie a évolué : après la pêche à l’anguille et l’exploitation des salines, ce sont maintenant l’agriculture et le tourisme balnéaire qui constituent les principales ressources.

La cité de Comacchio tire son charme de ses maisons colorées et de ses canaux franchis par de curieux ponts parfois triples.
 

Quelques liens :

  • Abbazia di Pomposa, en italien. Article d'où sont issues plusieurs photos de cette page,
Romagne '08