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14 mars 2023

 

 

 

Lavinia Fontana (1552-1614),
célèbre femme peintre de la Renaissance italienne…
et quelques autres

par Jean-Louis GAUTREAU

 

Dans son exposé, Jean-louis Gautreau a souhaité redonner leur place dans l’histoire de l’art, à deux femmes peintres de la Renaissance italienne qui ont pratiqué le Grand Genre.

Si son propos principal était centré sur Lavinia Fontana (1552-1614), il a tenu à nous parler au préalable d’une sœur dominicaine connue sous le nom de Sœur Plautilla Nelli (1524-1588). Giorgio Vasari parlait d’elle en terme élogieux et la présentait comme la première femme peintre de la Renaissance italienne.

Dans son couvent florentin, elle était à la tête, d’un atelier dans lequel travaillaient de nombreuses sœur artistes. Ses œuvres personnelles, d’une réelle qualité, sont davantage inspirées des artistes du 15e siècle que de ses contemporains. Son œuvre la plus importante est une toile de 6,70 m de long représentant « Le dernier repas du Christ ». Très endommagée, cette œuvre a été magnifiquement restaurée en 2019.

Lavinia Fontana est une peintre maniériste de l’école bolognaise et romaine. Son père Prospero Fontana (1512-1597), était un très bon peintre maniériste qui a travaillé sur certains chantiers avec Vasari. Le conférencier nous a montré quelques œuvres Pospero, portraits et grandes compositions, en les confrontant avec d’autres peintres maniéristes de renom, Pontormo ou Bronzino.

Lavinia a donc fait son éducation artistique dans l’atelier de son père. Elle devient rapidement célèbre pour ses beaux portraits de femmes de la haute société bolognaise. En 1527, elle épouse Giovan Paolo Zappi, un élève de son père, peintre mineur, qui deviendra son assistant et s’occupera de la diffusion et de la vente des œuvres de son épouse.

Un de ses portraits les plus célèbres est celui d’Antonietta Gonzales (musée de Blois), fillette de 10 ans qui était atteinte d’hypertrichose (pilosité excessive) maladie génétique transmise par son père. Dans cet émouvant portrait, la fillette brandit une lettre qui relate son histoire.

Transgressant l’interdit faite aux femmes de peindre de grandes compositions (Grand Genre), Lavinia réalise plusieurs toiles sur des thèmes religieux.

La réputation de Lavinia parvient aux oreilles du pape Grégoire XIII qui lui passe commande de retables et son portrait. En 1603, Lavinia quitte Bologne pour s’installer à Rome où toutes les femmes de l’aristocratie exigent d’être portraiturées par elle. Le pape Clément VIII la nomme peintre de Cour et elle est élue à l’Académie Saint Luc de Rome, ce qui est exceptionnel. Ses nombreux portraits de familles romaines sont très appréciés en raison de la finesse des détails (dentelles, broderies, bijoux), et de l’étude psychologique des personnages. Les compositions de ses tableaux religieux sont de plus en plus élaborées. L’influence de Caravage apparaît dans des toiles représentant « Judith tenant la tête d’Holopherne ».

Elle aborde aussi avec succès des thèmes mythologiques. Elle aurait été la première femme à peindre des nus féminins et peut-être même la première à utiliser des modèles féminins vivants. Des nus « osés » pour l’époque jalonnent son travail : « Allégorie de la Prudence », « Mars et Vénus », Minerve s’Habillant », « Vénus et Cupidon »…

À sa mort en 1614, elle sera inhumée dans l’église Santa Maria sopra Minerva.

Pour terminer son exposé, après avoir évoqué la vie et l’œuvre de deux femmes peintres de la Renaissance oubliées par l’histoire de l’art, Jean-Louis a souhaité présenter deux autres femmes peintres qui reprennent depuis peu leur place. Elles ne sont pas italiennes, l’une est suédoise, Hilma Af Klint (1862-1944), l’autre est britannique, Georgiana Houghton (1814-1884), et toutes eux ont pratiqué l’art abstrait avec talent avant Vassily Kandinsky, qui se prétendait créateur de l’art abstrait...

Cette présentation très appréciée fut suivi de qustions qui ont permis d'approfondir certains aspects du sujet.

Enfin les spectateurs quittèrent la salle contents, certains participèrent au dîner convivial et italien dans la salle Deschamps.

 

Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.

Petit diaporama