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24 janvier 2023
Rossini, les deux vies du cygne de Pesaro
Annick GENTY
Un mardi de janvier, le 23, des férus d’Italie se sont réunis dans la salle Érasme de la maison des associations d’Orléans, afin d’écouter Annick GENTY. Cette ancienne présidente de l’association sœur, la Dante Alighieri, chimiste de son état continue de se tourner vers sa passion, la musique. Étant donné qu’elle nous avait présenté, l’an passé, un Sicilien : Vincenzo Bellini, grand compositeur d’opéra, mort à Paris en 1836. Cette fois-ci, il sera question de Gioachino Rossini, décédé dans la même capitale, lui du côté de Passy, 32 ans plus tard.
Rossini, les deux vies du cygne de Pesaro
Le contraste est grand entre la première et la deuxième moitié de l’existence de Gioacchino Rossini connu de tous (ne serait-ce que par certaines ouvertures d’opéras demeurées célèbres), et si l’on retient généralement de lui qu’il fut un bon vivant, amateur des plaisirs de la table, on ignore souvent qu’il fut aussi sujet à l’anxiété et à la dépression.
Né en 1792 à Pesaro, de parents qui à l’époque pratiquent la musique en amateurs, l’enfant qui « a de l’oreille » comme l’a noté sa mère, va recevoir des rudiments d’éducation musicale, découvrir et étudier avec ardeur les partitions des musiciens d’outre-Rhin (de Bach à Mozart) avant d’intégrer le Liceo filamonico de Bologne où il suit les classes de contrepoint, de chant, de pianoforte et de violoncelle. Il n’a pas encore 12 ans quand il compose ses six sonates pour cordes ; dès ses 14 ans, il assume le rôle de maestro al cembalo auprès de théâtres publics ou privés. Parallèlement à son activité de chef, il compose, est déjà considéré comme un espoir pour la musique symphonique et c’est un peu par hasard qu’il se tourne vers la musique lyrique qui le rendra célèbre.
C’est à Venise, dans le registre comique, qu’il se fait tout d’abord connaître ; le succès va grandissant, à 21 ans il a déjà à son actif dix œuvres lyriques composées en l’espace de trois ans ; Rome et Milan le réclament puis des contrats successifs vont le lier au théâtre San Carlo de Naples jusqu’en 1823. Pendant toutes ces années, Rossini ne cesse d’être porteur d’innovations dans l’écriture musicale de ses œuvres qui vont évoluer de l’opera-buffa à l’opera-seria.
Après son mariage avec la cantatrice Isabella Cobran, suivi d’une tournée en Autriche et d’un séjour de plusieurs mois à Londres, Rossini s’installe à Paris où il est nommé directeur de la musique et de la scène du Théâtre des Italiens dans lequel il va opérer des changements radicaux, montrant de nouveau son côté innovateur. Par les mesures qu’il prend, il jette les bases de ce qu’on appellera le « grand opéra ». Parallèlement à ses occupations de directeur, il continue de composer, mais n’est fort heureusement plus soumis à la tension psychique due au rythme de travail effréné qu’il avait connu en Italie. Cependant, il se met « en pause » à l’âge de 37 ans et « Guillaume Tell » sera la dernière œuvre lyrique qu’il composera.
Rossini, nommé consultant honoraire du Liceo filarmonico, quitte la France en 1838 pour Bologne où il mène une vie tranquille. Mais en 1848, sa crainte des mouvements insurrectionnels le pousse à fuir la ville avec sa seconde épouse Olympe Pélissier pour gagner Florence. C’est en Toscane qu’il vivra les années les plus noires de son existence, en proie à une dépression profonde avant de retrouver Paris où, sa santé s’étant améliorée, il reprendra plaisir à recevoir et à composer au piano. La dépouille de Rossini, décédé à Passy, inhumée au cimetière du Père-Lachaise, sera exhumée quelques années plus tard et transférée dans la Basilique Santa Croce de Florence. Cette prestation fut longuement applaudie, mais la longueur du propos nous empêcha de nous livrer à la traditionnelle séquence des « questions ». Merci Annick.La séance prit fin sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.