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5 octobre 2021

 

 

Vincenzo Bellini, le cygne de Catane

par Annick GENTY

 

 

 

 

Ah, pour une reprise, c’en fut une belle ! Une année blanche en rencontres. De fait le dernier intervenant fut Jean-Louis GAUTREAU, qui, le 10 mars 2020, nous avait entretenu d’Antonio Canova (1757-1822) — l’œuvre du plus célèbre sculpteur néoclassique. Donc, si nous comptons bien depuis le 17 mars 2020, plus de 18 mois avaient passé, sans conférence de l’ACORFI. Bien sûr, la semaine dernière, les acorfiens avaient retrouvé leur salle Érasme pour la tenue de l’Assemblée générale de l’ACORFI. Une belle assistance s‘est donc à nouveau pressée pour accueillir Annick GENTY qui « piaffait » depuis le 7 avril 2020, date à laquelle cette évocation du brillant compositeur d’opéra était prévue.

 

 

 


Ce 5 octobre 2021, place à Vincenzo Bellini, le cygne de Catane.

Vincenzo Bellini, beau jeune homme coquet, soucieux de son apparence, que les Italiens ont surnommé « le cygne de Catane » -sa ville natale-, avait vu le jour dans une famille de musiciens et avait fait montre dès son plus jeune âge d’un don certain pour la composition musicale dont les bases lui avaient été inculquées par son grand-père. Afin de compléter sa formation, il quitta donc Catane pour aller étudier au Conservatoire de Naples où les enseignements de Zingarelli (pour la composition) et de Crescentini (pour la technique vocale) allaient fortement influencer le jeune compositeur. Zingarelli, en particulier, insistait sur l’importance à donner à la mélodie ; par la suite les mélodies simples, qui se retiennent facilement, deviendront une caractéristique des œuvres composées par Bellini.

C’est à Naples qu’il noua un lien d’amitié très fort avec son condisciple Francesco Florimo et leurs échanges épistolaires, qui seront publiés bien après la mort du musicien, sont une source précieuse d’informations sur les relations de Bellini et son travail de compositeur.

C’est à Naples qu’il connut sa première déception amoureuse mais aussi ses premiers succès avec deux œuvres lyriques (genre de musique qu’il privilégiera ultérieurement) ; la représentation de la seconde (Bianca et Gernando) eut lieu au Théâtre San Carlo que dirigeait alors le très influent Domenico Barbaja, avec déjà des interprètes de très haut niveau comme ce sera toujours le cas par la suite.

Barbaja proposa un contrat à Bellini pour la composition d’un opéra qui serait donné à la Scala de Milan. Le musicien quitta donc Naples pour Milan où Mercadante (lui aussi compositeur et ancien élève du conservatoire de Naples) le mit en relation avec Francesco Pollini et le célèbre librettiste Felice Romani. Une grande complicité intellectuelle allait s’établir entre le musicien et Romani qui deviendra le librettiste de tous les opéras composés par Bellini, à l’exclusion du dernier d’entre eux.

Il Pirata et La Straniera (dont la dédicataire sera Giuditta Cantù-Turina, devenue la maîtresse de Vincenzo) connaîtront un immense succès dans la capitale lombarde ; en revanche, Zaïra à Parme et I Capuleti et I Montecchi à Venise rencontreront un accueil beaucoup plus froid. Milan encensera à nouveau le jeune compositeur avec les deux chefs d’œuvre passés à la postérité que sont La Sonnambula et Norma.

Après l’échec cuisant de Beatrice de Tende à Venise qui mena à la rupture avec Felice Romani, Bellini se rendit à Londres où devaient être donnés ses opéras à succès ; il y mena une vie mondaine et oisive pendant plusieurs mois avant de rentrer à Paris.

Dans le salon de la princesse Cristina Trivulzio di Belgioioso, il fit la connaissance de Carlo Pepoli, jeune poète qui allait devenir le librettiste de l’opéra I Puritani. L’œuvre créée au Théâtre Italien de Paris en janvier 1835 remporta un franc succès ; ce devait être le chant du cygne du compositeur qui mourut à Puteaux à l’automne suivant, à peine âgé de 34 ans. Sa dépouille inhumée au cimetière du Père Lachaise après des funérailles grandioses fut transportée dans sa ville natale en 1876. L’ami de jeunesse Florimo contribua notablement à perpétuer le souvenir du musicien.

La salle émue par les extraits musicaux et enthousiasmé par la prestation de notre amie Annick, l’applaudie longuement…

 

                                        

« Catane où il est né, Naples où il étudia, Milan qui produisit la plus belle couronne dont sa jeunesse puisse se parer, Paris qui fut généreuse avec lui, lui offrant l’hospitalité et la gloire – chaque place, en un mot, dans laquelle la lumière des arts, la flamme du talent et l’amour du beau pénètre – se lamentera de l’extinction prématurée de ce flambeau et pleurera la perte de ce jeune homme sublime comme une perte pour l’humanité. » Ainsi s’exprimait, dans la gazette piémontaise, le librettiste Felice Romani, à la mort de Vincenzo Bellini.

 

Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.
 
Petit diaporama