Année 2017-2018 : 9 janvier 2018

Hommage à l'action d'André Lingois,
vice-président de l'ACORFI

Texte prononcé par Gérard Lauvergeon

 

Il me revient de parler d’André Lingois qui a fait partie de l’équipe dirigeante de l’ACORFI pendant de nombreuses années. Je le fais d’autant plus volontiers que je l’ai connu alors que nous étions jeunes surveillants au lycée Carnot de Dijon et que nous fréquentions tous les deux les bancs de l’Université.

André, tu as eu la chance de naître au pied des célèbres coteaux vineux de Beaune, ce qui a en partie orienté ta vie. Curieux de ton environnement, tu as très tôt tout connu des grands crus bourguignons, de leur culture, des climats où ils s’élaborent, des caves où ils épanouissent leurs qualités, puis tu as étendu tes connaissances à tous les vignobles français, flirtant avec la géographie dont tu aurais pu être un digne représentant si ton amour des lettres ne l’avait emporté. Ton mémoire de maîtrise universitaire présenté sous la direction du célèbre Professeur Loriot portait sur « Le vocabulaire du vigneron ». Tu l’avais réalisé en parcourant la Côte d’Or sur une moto Terrot et en recueillant les mots et les expressions des vignerons, de la plantation de la vigne à la dégustation du vin. Ce travail scientifique destiné à sauvegarder tout ce vocabulaire menacé par la conduite modernisée du vignoble était si pionnier et si intéressant qu’il a fait l’objet d’une réédition récente par la société savante de Beaune. Quoiqu’ayant fixé ta carrière dans le Val de Loire, tu es resté fidèle à ton terroir bourguignon d’autant plus que tu avais rencontré à Chenôve, dans la banlieue de Dijon la jeune Françoise qui allait devenir ta femme.

André, tu as eu aussi la chance que de bonnes fées se soient penchées sur ton berceau. Tu es doué pour l’amitié et les relations humaines, tu as la parole aisée et la mémoire encyclopédique. Expert en littérature et excellent latiniste, devenu professeur agrégé de lettres classiques au lycée Benjamin Franklin, tu as formé des générations d’élèves qui te savent gré de ton enseignement et, la retraite venue, tu as continué à dispenser ton savoir avec autant de succès à l’ACORFI, à l’UTL, à GUILLAUME BUDE, dans lesquelles tu t’es investi, car elles répondaient à ton souci de culture et d’humanisme.

Tu manifestes une érudition qui séduit et impressionne tant tu connaîs les œuvres, la vie, toute la géographie intime, non seulement celles des grands auteurs que tout le monde révère, mais aussi celles des auteurs plus modestes, au purgatoire depuis longtemps comme le délicat Tourangeau René Boylesve, le poilu humaniste Paul Cazin ou l’universitaire vigneron Gaston Roupnel, que tu t’attaches à faire reconnaître. Mais cette érudition n’est jamais pesante, tant ton art pédagogique est empreint de légèreté et même de gaité pour être à la portée de tous.
  
Tout naturellement, le latin et les Belles-Lettres t’ont conduit à t’intéresser à l’Antiquité romaine. De ce fait, tu es tombé amoureux de l’Italie, sensible à la beauté des paysages, à la richesse archéologique et artistique des villes, à toute la profondeur historique de la péninsule et de ses îles, à la vie chaleureuse des Italiens, à leur gastronomie, ne crachant pas non plus sur un Valpolicella, un Bardolino ou un Chianti. Tu l’as parcourue en tous sens, à titre individuel avec ta chère Françoise, ou avec les voyages organisés par l’Acorfi et par Budé. Mariant ton savoir littéraire à ta passion, tu nous as régalé par toute une série de causeries montrant les relations entre les écrivains français et notre sœur latine : Roger Vaillant, René Boylesve, Jean Giono, Michel Déon, Albert Camus, Jean-François Revel, George Sand, Montaigne, Alexandre Dumas, Valéry Larbaud, le Président de Brosses ont fait grâce à toi les riches heures de l’Acorfi.
  
Aussi notre Association qui fête ce soir ceux qui quittent sa direction peut se féliciter d’avoir compté dans cette équipe André Lingois, le Bourguignon, le passionné de littérature, l’érudit, l’amoureux de l’Italie, en deux mots, l’humaniste cultivé, l’honnête homme comme on aurait dit au XVII ° siècle. Que par ma voix il soit remercié chaleureusement de tout ce qu’il a pu apporter comme vice-président de 2001 à 2017, comme conseiller et comme conférencier au sein de l’ACORFI.   

Écouter l'hommage à André Lingois, prononcé par Gérard Lauvergeon

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