Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2019-2020 21 janvier 2020
Joseph Mery à Romepar Daniel LABRETTE
Nous avons écouté ce soir mardi 21 janvier 2020, une conférence fort originale : Joseph Méry en Italie
donnée par Daniel Labrette, membre de l’ACORFI que nous connaissons bien et dont les trouvailles en matière d’écrivains peu connus du grand public nous ont toujours intéressés. Il sait dénicher tel personnage original, souvent un Français que la fréquentation de l’Italie a poussé à écrire sur les mœurs de nos amis de la péninsule… sujet inépuisable, car l’Italia est la Nostra Sorella… Un peu après les Mémoires d’un touristique de Stendhal (de 1838). Joseph Méry avec familiarité et humour nous donne une image de l’Italie éternelle, sous le joug napoléonien, dont il croque avec humour les us et coutumes de notre pays voisin. 19 juin 1866, dans le journal le Siècle, éloge funèbre de Joseph Méry : « Son imagination inépuisable créait les contrées qu’il n’avait pas vues, devinait les mœurs, en peignait les habitants avec une fidélité d’autant plus merveilleuse qu’il la possédait à son insu ». Est-il mort ruiné ? C’est bien possible, car la passion du jeu l’a habité toute sa vie. C’est même Napoléon III, en personne, qui paie ses obsèques, en reconnaissance, plus vraisemblablement, de l’admiration que Méry vouait à la famille impériale. C’est dans les pas de certains de ses membres, qu’il parcourt l’Italie, en 1834 — voyage qu’il relate dans ses Nuits italiennes — une œuvre parmi beaucoup d’autres, pamphlets, chroniques, romans, poèmes, livrets d’opéra. Il est l’égal des plus grands de son époque : Gautier, Dumas, Balzac, Hugo . Il débarque à Gênes, « Le digne portique de marbre de cette éternelle galerie qui finit au golfe de Tarente ». Il gagne Florence où il rencontre, peut-être, Hortense de Beauharnais, plus sûrement, Caroline Bonaparte, veuve de Murat, et son frère Jérôme, prince de Montfort. Les œuvres des plus grands peintres le laissent pantois, Giotto, « dont la main était si habile et le visage si beau », Michel-Ange, « dont la vie ne ressemble à aucune autre vie », Raphaël devant lequel « on s’agenouille ». Par Pise, Sienne, il arrive à Rome et se rend chez Létizia, la mère de l’Empereur, à l’accueil chaleureux. Des ouvriers italiens, il a piètre opinion, car « ils bénissent une religion qui légitime et sanctifie leur paresse ». Quant à leur langue, elle n’est que « du latin en putréfaction ».
Les Anglais, nombreux à visiter la ville, sont insupportables, voire ridicules et Méry se félicite de les voir payer à prix d’or des antiquités fabriquées de toutes pièces. Son passage au Vatican le laisse sans voix. « C’est tout un peuple de marbre qui habite le plus silencieux des palais, et le remplit d’un éclat, d’une gloire, d’une majesté qu’aucune cour vivante n’a jamais donnée aux satrapes de l’Orient ».
Sur le chemin du retour, il fait escale à Gênes et assiste à une miraculeuse représentation de la Norma de Bellini, au Carlo Felice. « Bellini donne à la volupté une teinte de mélancolie, à la douleur un parfum de sérénité ; on a des larmes pour ses larmes, et encore des larmes pour ses joies ». Lui, qui travaillera avec Rossini, avec Verdi, est comblé ! Après quelques questions et leurs réponses, de chaleureux applaudissements remercient notre conférencier.
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