Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2018-2019 16 octobre 2018
La Sicile orientalepar Angela BENANTI
Mardi 16 octobre 2018, installés dans la salle Érasme de la Maison des associations, nous avons commencé la saison de l ’ACORFI par un exposé sur La côte orientale de la Sicile, votre futur voyage ?
que nous a présentée Angela Benanti « gentile professoressa » à la Dante Alighieri, d’Orléans. Sicilienne et native de Catane, elle s’est fait un plaisir de nous parler de son île bien-aimée. En effet, un voyage d’une semaine se profile à l’horizon 2019 proposé par notre association franco-italienne. Il est prévu de parcourir la Sicile orientale du 17 au 24 mai prochain. Nous voilà prêts à mieux connaître la Trinacria, nom grec de la Sicile dont le drapeau est évocateur de sa géographie. Sur un fond jaune et rouge apparaît la tête de Gorgone (sans la chevelure de serpents) animée de trois jambes repliées, pieds pointés vers les trois extrémités de ce scintillant caillou méditerranéen baigné par la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne à l’Est. La réputation de la Sicile n’est plus à faire. Nous savons tous qu’elle renferme plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Angela a su nous proposer quelques repères historiques qui nous aidèrent ensuite à mieux appréhender le passé de cette île peuplée de mythes et balayée par différentes civilisations qui ont laissé des traces remarquables de leur occupation, façonnant le visage actuel de la Trinacria.
Peuplée de 5 millions d’habitants, la Sicile est une province autonome, découpée en cinq provinces. Elle comprend également les cinq îles éoliennes (habitées par Éole le dieu du vent) dont l’une abrite le dangereux volcan Stromboli. La Sicile est, en effet, un territoire volcanique qui a souffert de nombreux tremblements de terre destructeurs suivis de reconstructions remarquables. Palerme et Catane, les deux villes les plus peuplées de l’île, doivent leur visage actuel à de successives reconstructions suite à des séismes sporadiques. Le dernier de forte intensité date du XVIIe siècle en l’an 1693, précisément. Il laisse imaginer les mutilations de cette terre traversée par de multiples invasions tout au long de son histoire millénaire. La Sicile orientale que nous visiterons présente un relief montagneux fait de collines et de rares plaines dont celle de Catane au pied du fameux volcan de l’Etna qui culmine à 3330 m et dont la montée est inscrite au programme, si le temps le permet ! Peu de fleuves sur cette terre méditerranéenne dont les pics de chaleur estivale sont connus. Citons le Simeto et surtout l’Alcantara qui glisse ses eaux froides entre les flancs montagneux d’une gorge profonde que nous approcherons.
L’histoire de cette île garde la trace des multiples invasions qui ont façonné sa physionomie actuelle. Survol rapide : Huit siècles avant notre ère, les Phéniciens occupèrent ses rivages, selon le témoignage de l’historien grec Thucydide, remplacés par les Grecs dès le VIe siècle. Ceux-ci construisirent les temples d’Agrigente et de Ségeste dont la réputation de beauté et d’équilibre est reconnue. L’onomastique est évocatrice de l’installation hellénique dans les nombreux toponymes grecs des sites visités : Naxos, Syracuse, Messine, le parc archéologique de Neapolis… Les Carthaginois venus de Numidie occupèrent ensuite une partie de l’île avant d’être chassés par les Romains soucieux de prendre possession de cette riche terre à blé. Grands constructeurs, ces derniers laissèrent aussi leur empreinte architecturale visible dans le théâtre gréco-romain de Syracuse.. Belle ville prolongée par l’île d’Ortygie, elle aligne ses palazzi baroques. Sa cathédrale est célèbre ainsi que la mythique fontaine d’Aréthuse. Se mêlent ainsi, dans cette partie orientale de la Sicile, les influences Greco-romaines visibles dans le centre historique de Piazza Armerina aux splendides mosaïques restaurées.
Chassés par les Vandales, les Byzantins s’implantèrent, bâtissant quelques chefs-d’œuvre architecturaux encore bien visibles dans les cathédrales siciliennes. Les Musulmans habitèrent l’île sporadiquement après le VII siècle, ce dont témoignent les toits arrondis de l’ancienne mosquée de Palerme. L’arabisation fut profonde, influençant notamment la gastronomie de l’île mêlée à d’autres apports étrangers. Car vinrent ensuite les Normands constructeurs de forteresses — châteaux, bientôt concurrencés par les Angevins. La domination aragonaise venue d’Espagne a également façonné, avec les autres peuples envahisseurs, la physionomie de cette île splendide qui porte les strates de plusieurs civilisations tant orientales qu’occidentales.
La partie orientale que nous visiterons nous permettra de connaître les monuments d’architecture baroque dont regorgent plusieurs villes de la Sicile orientale. On l’appelle le Triangle d’OR grâce à la présence de bâtiments reconstruits après les tremblements de terre ravageurs du XVIIe siècle. Nous verrons les lieux de culte et les palazzi reconstruits au XVIIe et au XVIIIe siècle, visibles sur le diaporama qui présente les étapes de notre semaine en Sicile. C’est dans la reconstruction de ces édifices que firent merveille les architectes romains. Citons quelques noms des grands bâtisseurs tels Vaccarini, Sinatra et Palma auxquels l’on doit de pouvoir contempler aujourd’hui les chefs-d’œuvre de type baroque tardif. Séduisant, car chargé de sinuosités élégantes, façades ornées de putti et de statues. Monuments bien visibles dans les villes de Noto, Syracuse, Modica, Raguse, étapes de notre parcours touristique. Sans oublier Catane qu’Angela évoqua particulièrement en nous montrant les photos de la plus belle place de la ville, ornée d’un obélisque porté par un éléphant. Cette cité est aussi connue pour sa faculté des lettres pourvue d’une bibliothèque et d’une Aula Magna. Avant de terminer son exposé, Angela n’a pas manqué d’évoquer la gastronomie sicilienne d’excellente réputation.
La professoressa Benanti a donc enrichi nos connaissances. Nous avons aimé sa façon vivante de commenter les trésors de cette Île antique et néanmoins terriblement moderne ! Certains d’entre nous, à l’issue de cette présentation auront peut-être envie de chevaucher Pégase pour un survol anticipé de la mythique Trinacria. Reste aux futurs voyageurs à s’immerger mentalement dans ce pays, à lire, rêver voire étudier pour le plaisir de mieux connaître les lieux que nous visiterons, en compagnie des Acorfiens que ce projet de voyage aura séduits.
Ensuite Claude CARRAU, Jean-Paul REYNAUD et Claude VIVIANI présentèrent le voyage et répondirent aux questions du public.
Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.
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