Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2013-2014 14 janvier 2014
Dino Buzzati, écrivain et journaliste aux talents multiples, et ses textes en lecturepar Colette Blondeau
La salle est pleine des adhérents de l’Acorfi lors de cette réunion de la Befana organisée pour eux. Son roman le plus connu, “Le désert des Tartares”, porté au cinéma, y recueillit un succès moyen, dû sans doute, comme le pense Colette à la difficulté de porter en images l’atmosphère inexorable du temps qui passe, récurrente chez Buzzatti. Très opportunément, Colette nous fait remarquer que Dino Buzzatti reçut l’influence, bien explicable, de Kafka, mais aussi du courant existentialiste. Ainsi “La nausée” de Sartre précéda de peu “Le désert des Tartares”. Les trois nouvelles offertes à la lecture sont du domaine fantastique, si cher à Buzzatti. Chaque fois Colette en lit une partie en italien, en faveur des adhérents qui dominent la langue. La première nouvelle choisie, appelée “il mantello” (le manteau), est la plus poignante, et c’est celle qui permet à Colette de déployer au maximum ses talents de conteuse, on pourrait dire d’actrice tant elle rend bien la voix de la mère, usant tous les tons de sa sensibibilité, passant graduellement de la joie de revoir son fils, à l’incompréhension, au doute, à l’espoir vain, enfin à la terrible révélation de sa disparition. La deuxième nouvelle, “la farfaletta” (le petit papillon), est un parfait échantillon de l’humour dont savait faire preuve le journaliste Buzzati, à l’aise dans la description des mœurs politiques italiennes de son temps. Colette allège le ton, adapte le rythme, comme s’il s’agissait d’un conte, et sa voix nous restitue à merveille les divagations de “l’onorevole” (le député) Smith dans ses diverses personnifications. Tous les adhérents en suivaient les péripéties : le chœur des chauve-souris, le dialogue des bandits rebelles; amusés et conquis. La troisième nouvelle, “le K”, est l’une des plus connues, Buzzatti y revient au thème de la fuite du temps. Très à l’aise, Colette Blondeau y démontre combien elle domine son sujet. Le ton devient plus descriptif, comme s’il s’agissait d’un article de Buzzatti pour son journal, mettant ainsi parfaitement la nouvelle en valeur. C’est ainsi que se terminait la lecture des trois nouvelles de Buzzatti qu’avait choisies Colette Blondeau pour notre plaisir. Sa présentation se terminait, trop tôt pour les acorfiens qui applaudirent longuement et chaleureusement, avant de changer de salle pour la traditionnelle réception de la Befana. |