Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2012-2013

11 juin 2013

 

 

Un parfum d'Italie

par Françoise LABRETTE et Marie-Hélène VIVIANI

 



FL MHVCette réunion appelée “Un parfum d’Italie” sortait de l’ordinaire acorfien. Pour la première fois nous écoutions des lectures, assistées cependant d’images, et même de musique. Et c’est ravis que nous avons entendu ces textes choisis d’auteurs modernes italiens, nous laissant transporter dans un monde poétique éloigné de nos habitudes.

Les auteurs sélectionnés étaient Antonio Tabucchi et Erri De Luca. Nous avons bien aimé la présentation préalable de chacun d’eux, qui nous a permis de mieux apprécier les morceaux sélectionnés.

Les textes eux-mêmes étaient précédés d’explications, qui traçaient leur cadre ou plantaient leur ambiance. Ensuite place à la lecture. Nos deux interprètes alternaient, l’une et l’autre d’un vrai ton de conteur. Nous participions entièrement, entraînés dans une émotion collective qu’on n’aurait certes pu joindre en lecture individuelle.

L’œuvre sélectionnée de Tabucchi était “Sogni di sogni” (rêves de rêves), un recueil plein de fantaisie, ancien mais intemporel. Tabucchi imagine des songes qu’il prête à des personnages du passé. Des vingt songes décrits par Tabucchi, nos interprètes en ont choisi six, ceux de Dédale, d’Ovide, d’Angiolieri, du Caravage, de Leopardi et de Collodi.

Nous avons bien aimé découvrir, ou redécouvrir, la personnalité d’Angiolieri, ce poète maudit contemporain de Dante. Son célèbre poème intitulé “S’i fosse fuoco” (si j’étais le feu), mis en musique par le chanteur-compositeur De André, aurait presque pu être joint aux lectures, mais le charme qui les animait risquait alors d’en être rompu.

L’un de nos rêves favoris est celui de Caravage, avec la savoureuse chute qui le ramène à la réalité. Mais la perfection de l’interprétation de nos deux lectrices rendait prenants tous les thèmes. Le personnage le plus émouvant est peut-être, dans le songe de Dédale, l’homme-taureau amoureux de la lune.

Avec Erri De Luca on entrait dans la poésie pure. Son roman, “Il peso della farfalla” (le poids du papillon) était un sujet bien difficile, et là aussi nos lectrices l’ont réussi à merveille. Sur des images qu’on devine difficiles à trouver, et pourtant bien choisies et habillées, nous avons quitté le fantastique qui imprégnait les songes de Tabucchi, sans abandonner l’irréel.

Transportés loin de notre quotidien nous nous sommes sentis émus par le destin du roi des chamois, dans la rude ambiance de la montagne, ses paysages et ses épreuves. Le texte, qui risquait d’être trop long pour la lecture en salle, a été utilement raccourci, ne dégageant aucun ennui, conservant jusqu’au bout sa force suggestive et, comme le dit l’une des narratrices, la pureté de la relation chamois-homme qui unit jusqu’au bout les deux rois.

La séance prit fin par les applaudissement nourris de l’ assistance, couvrant les félicitations de la présidente à Marie-Hélène Viviani et Françoise Labrette. Elles nous ont transportés par leurs lectures dans un autre monde, nous captivant totalement par leurs évocations si bien réussies. N’oublions pas les images, toujours bien à propos, et qui savaient pourtant rester discrètes.