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11 décembre 2012

 

Le corail en Méditerranée

par Daniel MARITON

 

 

Daniel MaritonCette conférence sur "Le Corail en Méditerranée" était attendue avec impatience par les acorfiens. Un nouveau conférencier et son choix du corail nous laissaient espérer une présentation originale. Ce fut bien le cas.

Avant de commencer Daniel Mariton rend hommage à la variété de nos conférences, heureux d'y apporter sa contribution .

Sa conférence était composée de trois parties : histoire de l'exploitation du corail rouge en Mer Méditerranée, puis projection d'œuvres réalisées avec ce corail, enfin présentation d'ornements qui l'incorporent.

Daniel Mariton explique d'abord l'objet de son exposé : le corail en général, mais en particulier l'espèce du corail rouge, produite surtout dans l'Ouest de la Mer Méditerranée, à une profondeur du sol marin de 4/5 mètres à 300 mètres.

On apprend ainsi que le corail, connu depuis l'extrême antiquité, est d'origine animale (et non pas végétale comme nous l'avions cru). Nous sommes surpris par la lenteur de la croissance du corail, 2 à 5 mm par an, à l'opposé de la fièvre des gains rapides qui a animé sa pêche au cours des siècles. C'est l'histoire surprenante de cette pêche que nous décrit Daniel Mariton avec sa passion communicative.


Broche kabyleOn va ainsi, du 12e au 19e siècle, des centres de Tabarka (Tunisie) et La Calle (Algérie) à ceux de Trapani (Sicile) et San Pietro (Sardaigne). Les cartes présentées nous situent les lieux de pêche ou de transformation. Des images nous font comprendre la technique de pêche de ces temps, avec l'instrument de pêche en croix de Saint André, dont les filets raclent les fonds, et nous montre les plongeurs à lunettes.

L'histoire du corail nous apprend plusieurs faits remarquables, comme les comptoirs temporaires de Tabarka, le droit de pêche accordé et repris par le Bey de Tunis, le piratage courant en ces époques, avec le placement des esclaves dans les familles musulmanes et la longueur du temps pour réunir les rançons.

Les populations de pêcheurs qui se succèdent sont catalanes, provençales, gênoises, pisanes, amalfitaines. Les centres d'Alghero puis San Pietro en Sardaigne, Trapani en Sicile, Torre del Greco en Campanie, succèdent aux centres africains. Le conférencier nous fait vivre le brassage de populations, la confrontation des techniques, par des remarques perspicaces qu'il nous livre avec plaisir. Enthousiaste et admiratif, il connaît une foule de détails et de chiffres, relève et démontre l'importance de la commercialisation, citant les prêts de campagne des commerçants aux pêcheurs, et la qualité de l'artisanat, comme celui des juifs de Sicile protégés par Frédéric II. Il met en évidence des faits, attendus comme le rôle d'Alexandrie dans le commerce du corail rouge vers l'Orient, ou singuliers, comme sa vogue au Yemen, à la différence des autres peuples de la péninsule arabe.


Christ et St ThomasÀ l'histoire du corail succède la présentation de spécimens caractéristiques, d'abord les pièces rustiques que sont le chapelet musulman et le chapelet chrétien déjà plus travaillé, puis différents colliers, broches et diadèmes, en métaux précieux, avec perles de corail incrustées. En chaque occasion on peut admirer l'extrême finesse des coraux et la qualité du travail.

Suivent les ornements religieux des églises et musées de Sicile, antependium de grande taille ou calice, crucifix, une statuette du Christ et de Thomas.

Pour tous les objets le conférencier précise l'origine géographique, comme Grande ou Petite Kabylie, Sicile, et le siècle de création, démontrant ainsi une connaissance très étendue dans ce domaine, si nouveau pour la plupart d'entre nous.

Il met aussi en évidence des pièces remarquables, comme un splendide écritoire qu'il nous fait examiner en détail, un musicien dont le mouvement est comme taillé dans la branche de corail qui a servi de base au sculpteur.

 Daniel mariton, bijoux

La passion qui a animé la création de ces chefs-d'œuvre semble se retrouver dans les croyances, ou dans l'emploi de certaines pièces comme talismans ou ornements coutumiers, comme en témoignent des chevillères, fibules, et finalement un magnifique camée.

La vue ne suffisait plus, il nous fallait toucher. Daniel Mariton l'avait bien pressenti en apportant des pièces personnelles, échantillons bien choisis des œuvres vues sur l'écran. Il nous les détaille de l'estrade, mais les acorfiens, quittant leurs sièges, se hâtent d'accourir afin de les examiner de plus près.

C'est sur cette ambiance animée que prit fin la conférence, sans oublier de vifs applaudissements de l'assistance, reconnaissante d'une soirée d'exception en compagnie de beautés insoupçonnées.

 

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©ACORFI