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27 mars 2012

 

La Sicile en 1943

par Daniel LABRETTE

 

 

Avec la verve et le souci de précision que nous lui connaissons si bien, Daniel Labrette nous a conté l'histoire de la Sicile et de sa libération par les Alliés. Il s'est attaché à décrire spécialement l'attitude des siciliens face au fascisme, celle de la mafia à cette époque, et le rôle qu'elle a joué dans l'histoire, sans rien enlever au charme de la narration ou à la profondeur de ses jugements.

Au cours du développement il arrive que l'anecdote débouche sur un tournant de la guerre : telle est la mystification des Services Secrets britanniques, qui avec un personnage créé de toutes pièces trompèrent les allemands au point de commettre une erreur stratégique d'importance capitale.

Moins porteur de conséquences, l'atterrissage insolite au centre de l'île, qui restait sous influence mafieuse malgré les poursuites fascistes, d'un avion allié porteur d'un paquet contenant une sorte de message de Lucky Luciano. Cet épisode pouvait faire croire à l'intervention de la mafia italo-américaine en faveur des Alliés. Notre conférencier y apporte un démenti supporté par des faits irréfutables, et rappelle la valeur et le sacrifice des G.I. d'ascendance sicilienne.

Ce ne sont que des exemples. La conférence est pleine de petites histoires qui apportent leur contribution à la grande histoire, de l'incendie inexpliqué du Normandie dans le port de New-York à la conquête imprévue de Lampedusa par un pilote allié, en passant par l'image amusante du rapport de taille entre le paysan sicilien un peu courbé et le G.I. standard plié à sa hauteur.

À côté de cela, s'il convient de décrire les mouvements des armées, l'énormité des forces engagées par les alliés, les tentatives de résistance des divisions blindées allemandes et, par suite du mauvais temps, les ratés des troupes aéroportées ou l'imprévision des militaires italiens, la précision et clarté sont de règle pour notre conférencier, avec cartes et chiffres en appui de sa démonstration.

En passant, les traits de profondeur psychologique ou sociale ne manquent pas, par exemple la jeunesse relative des chefs Alliés, tous d'une même génération, ou la pauvreté des ouvriers agricoles des latifondi, ou encore la détresse de la population dans les villages siciliens laissés en ruines par les combats.

On pouvait attendre, espérer peut-être, la mise au grand jour de liens secrets entre le Commandement Allié et une mafia multinationale et toute puissante. Notre conférencier s'est bien gardé de tomber dans cette erreur.

Dans son examen du fascisme il montre bien pourquoi le contre-pouvoir de la mafia ne pouvait qu'être combattu par ce régime, dont les abus et les excès, jusqu'au ridicule, n'ont pas épargné la Sicile, et nous offre une nouvelle anecdote mussolinienne avec la villa Nelson de Bronte.

Nous espérons que le diaporama et l'enregistrement qui accompagnent ce compte rendu restitueront aux internautes, au moins en partie, le charme de la conférence, vivement applaudie par les nombreux acorfiens présents dans la salle.

 

 
Petit diaporama
 
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©ACORFI