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12 avril 2011

 

 

 

Grande et petite histoire de la collection de Giovanni Pietro Campana

par Jean-Louis GAUTREAU

 

Grande surprise à Acorfi avec la conférence de Jean-Louis Gautreau. Pour beaucoup d’entre nous Campana n’était qu’une galerie du Musée du Louvre et l’on pouvait s’attendre à la présentation-description de tableaux du Musée. Mais Campana lui-même, qui était-il ? Cette collection Campana, quelle est son importance ? Nous avons reçu toutes les réponses à nos questions. Et bien plus.

Ce ne fut pas l’examen minutieux de tableaux de maître par un critique d’art qui se serait mis à notre portée. Pour sa conférence, Jean-Louis Gautreau a choisi autre chose. Utilisant à merveille le sujet des aventures subies par la Collection Campana, il nous a captivés, instruits, émerveillés.

Passant, ainsi qu’il le disait dans sa présentation, tour à tour de la grande histoire à la petite, il nous a tenus en haleine comme s’il s’agissait d’un roman aux multiples personnages, disparaissant et réapparaissant, aux vies conjugales mouvementées, ainsi qu’il seyait au XIXe siècle, dans une intrigue bourrée de rebondissements.

Sous son éclairage, des personnages de grand caractère ressortaient, du marquis collectionneur Campana, fou de l’art jusqu’au péculat et à la prison, à la riche maîtresse anglaise du futur Napoléon III, financière de ses coups d’état, en passant par les rivalités des hauts fonctionnaires des Arts, aiguisées par leurs épouses ou leurs amantes.

Notre conférencier évolue à son aise dans ce conte fertile en événements. D’un ton enjoué, habile dans le maniement des belles images qu’il nous présente (mises au point et assemblées par Claude Viviani), il semble se délecter avec malice des coups de théâtre qu’il se prépare à nous servir.

Mais le côté romanesque de l’achat par Napoléon III, en faveur du Musée du Louvre, de la meilleure partie de la collection Campana, n’enlève rien à l’importance de cette collection, reflétée dans l’énormité des chiffres que nous entendons. Citons le nombre des tableaux Campana acquis par la France : 434 primitifs italiens, et 207 tableaux de maîtres italiens de 1500 à 1700. Ou encore la somme incroyable pour l’époque de 4 800 000 francs-or, pour 11 835 objets, déboursée par le Trésor pour leur acquisition.

Au passage on apprend avec intérêt que le projet (avorté) de la création d’un Musée Napoléon III destiné à accueillir la collection Campana, devait contribuer à développer l’industrie française, en ouvrant aux ouvriers et artisans la connaissance des métiers d’art de l’antiquité.

 

Par la suite le conférencier nous présente les œuvres de la collection qu’il a retenues pour nous. Faisons confiance à son choix, l’art est sa passion, aussi bien que la petite histoire des collections.

Cependant dans cette partie plus descriptive, sa verve ne faiblit pas. On a bien aimé sa relation exceptionnelle du partage des Tableaux des Hommes Illustres, du Château d’Urbino (que certains d’entre nous avaient pu voir sur place lors d’un voyage Acorfi), et sa présentation-révélation de la part reçue par le Musée du Louvre, avec sur les parois des espaces vides entre les panneaux, correspondant à ceux restés à Urbino.

On se souviendra également du Maître des Cassoni et de la description du tableau “Thésée et le Minotaure”, qui ressemble à une bande dessinée composée d’un seul dessin. Et aussi du destin de Didon à Carthage, en plusieurs tableaux décrits avec une belle vivacité.

À juste titre, notre conférencier choisit de mettre en valeur certains points, comme l’apport exceptionnel de la Collection Campana à la section des Primitifs Italiens du Louvre. Ou d’exalter la passion de Collection d’Art qui anima le Cardinal Fesch. Il nous fait partager son vif intérêt pour les collections de personnages historiques, de Richelieu à Louis XIV, ce dernier nom lié à celui du banquier Jabach, de Charles Ier d’Angleterre au Comte d’Arundel.

Nous restons songeurs en pensant aux âpres transactions entre Conservateurs de Musées, et amusés des bons tours involontaires joués par le Musée d’Orléans au Musée du Louvre qui n’avait pas su reconnaître le sujet d’un tableau représentant Saint Jérôme, ou l’auteur Correggio d’une magnifique Vierge à l’Enfant désormais à Orléans. Du reste, l’intérêt particulier que voue notre conférencier aux musées de Province, comme en témoigne son blog, le met bien à l’aise quand il cite leurs collections. Et nous restons comme lui satisfaits de l’attribution d’une partie de la Collection Campana au Petit Palais d’Avignon.

Tous les arts présents dans la collection Campana sont ainsi évoqués en nous présentant les pièces exceptionnelles choisies pour nous, tableaux, mais aussi vases, grecs ou étrusques, statues, plaques grecques, sarcophages, majoliques, bijoux étrusques. On note entre autres un vase destiné à couper le vin, un autre en forme de tête casquée, un autre en forme de pied, ou bien le collier aux scarabées, monté par l’atelier Castellani, et l’on contemple bien sûr le célèbre sarcophage étrusque des époux.

Castellani est aussi le nom du collectionneur italien qui permit à Rome de conserver le reste de la collection numismatique, ainsi que le rappelle Jean-Louis Gautreau. Et c’est une italienne, Susanna Sarti, qui a effectué récemment le relevé de la collection et l’édification d’une véritable collection Campana virtuelle.

Avant de terminer sur quelques tableaux du Musée des Beaux-Arts d’Orléans, le conférencier rappelle que Campana avait constitué son immense collection en choisissant uniquement des œuvres italiennes, en provenance de l’Italie antique, ou trouvées en Italie, sur quoi les acorfiens enchantés, applaudissent longuement, témoignant de l’apprécier pour son humour comme pour son talent.

 

 
Petit diaporama
 
Écouter la conférence
 
   

 

Vous pouvez consulter sur le web, les sites et le blog animés par Jean-Louis Gautreau :