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8 février 2011

 

L'unité italienne, (2e partie) sa réalisation de 1850 à 1870

par Gérard LAUVERGEON

 

Cette conférence débute par l’écoute très réussie d’un enregistrement de l’hymne national italien, l’hymne de Mammeli.

Tout serait à retenir de cette conférence, aussi dense que la première, et suivie par les adhérents avec une attention soutenue. Parmi d’autres traits, on a beaucoup remarqué le tableau que Gérard Lauvergeon dresse de Cavour, grand homme d’état, son habileté consommée, mais aussi sa fidélité à la couronne, sa recherche permanente d’une Italie unifiée sous l’égide du Piémont (En Europe à l’époque, les républiques faisaient exception). Une courte biographie de Cavour jusqu’à son entrée en politique, comme la mise en valeur de ses qualités, ont complété l’importance donnée par le conférencier au rôle capital joué par Cavour dans la réalisation de l’Unité.

Une découverte fut aussi pour beaucoup d’entre nous le rôle joué par Pie IX durant son long pontificat : il apparaît d’abord comme progressiste, au point qu’un projet a pu naître d’une Italie confédérée sous sa Présidence. Mais les troubles qui ont éclaté à Rome le convainquent ensuite de s’attacher sans réserve au pouvoir temporel, vu comme le seul garant de la Papauté.

Du côté français nous faisons connaissance avec le groupe des Ultramontains, avant-garde d’une opinion catholique que Napoléon III se doit de ménager, au détriment des aspirations de liberté des romains. Là encore, Gérard Lauvergeon nous permet de saisir comment la France qui perdit dans son soutien à l’Italie plus d’hommes que l’Italie elle-même, ne fut pas toujours jugée favorablement durant cette période par les italiens. La récompense il est vrai, le rattachement de Nice et la Savoie, en mécontenta certains, tels Garibaldi, niçois de naissance. A noter en passant le scepticisme - partagé par les adhérents - du conférencier pour les résultats des nombreux plébiscites décidés à l’époque, se terminant tous avec des majorités écrasantes.

L’odyssée de Garibaldi nous est d’ailleurs contée dans le détail, sans oublier sa soumission à l’autorité du roi d’Italie et plus tard sa nouvelle révolte étouffée cette fois par le Piémont lui-même.

Un passage à citer parmi tant d’autres, est celui du choix de Rome pour capitale, après Turin puis Florence, où l’on suit avec beaucoup d’intérêt l’admission progressive par le pays d’un choix qui n’avait rien d’acquis.

Enfin le chapître largement développé des humiliations subies par l’Italie, le dédain de Bismarck, le refus de l’Autriche de céder directement la Vénétie à l’Italie, et à l’issue de la Grande Guerre, les promesses faites à l’Italie, non respectées ensuite, tous ces événements ont pu favoriser lors du fascisme les choix de politique extérieure de l’Italie.

Ce n’est pas la seule ouverture vers l’Italie d’après le Risorgimento que nous propose Gérard Lauvergeon : l’interdiction faite aux catholiques italiens par le Pape de participer aux scrutins électoraux a pu influencer leur éloignement de la politique, et la politique générale elle-même. Par ailleurs la réalisation de l’unité italienne sans un vrai concours populaire, et parfois en l’imposant comme dans le Sud, fut source d’opposition armée qu’il a fallu lourdement réprimer, et des marques d’amertume se manifestent encore.

À la fin de la conférence il nous semblait, malgré l’étendue du sujet, que peu de questions étaient restées sans réponse. C’était douter des acorfiens, intarissables dans leur quête d’information, et les questions furent nombreuses, recevant chacune sa réponse, avant des applaudissements unanimes et chaleureux.

Compte rendu

©ACORFI