23 novembre 2010

Les volcans italiens, mythe et réalité

par Claude ALSAC

3. Quand le risque d’éruption du Vésuve était oublié

 

La nature volcanique du Vésuve a été très largement ignorée jusqu’à l’éruption de 79ap. J.-C.  En effet, après une très violente éruption en 1780 av. J.-C., ce volcan a été très peu actif. C’était une montagne dont  Pindare en 88 ap. J.–C. a célébré avec nostalgie les attraits : « Le voilà, ce Vésuve jadis ombragé de pampres verts dont le fruit inondait nos pressoirs de son jus délectable. Les voilà ces coteaux que Bacchus, préférait aux collines de Nysa : naguère, sur ce mont, les Satyres formaient des danses légères. C'était la demeure de Vénus, qui l'affectionnait plus encore que Lacédémone : Hercule avait par son nom illustré ces lieux. Les flammes ont tout détruit, tout enseveli sous d'affreux monceaux de cendres : les dieux voudraient que leur puissance ne fût pas allée si loin. » (Epigrammes -[4,44] XLIV)

 

La fresque de la maison du centenaire à Pompéi, est la seule représentation que nous ayons du Vésuve peu avant l’éruption de 79. Elle a été réalisée lors de la phase de restauration de cette villa patricienne partiellement détruite lors du séisme de 62 ap. J.-C. et transformée en auberge accueillante – lupanar – par  le nouveau propriétaire. Le Vésuve n’a pas sa  forme actuelle  mais celle d’un simple cône renversé : en effet,  la Somma s’est formée lors de l’explosion de 79 ap. J.-C. . Les flancs sont couverts de vignes et Bacchus, au corps en grappes de raisin, rappelle l’abondance et la qualité du vin.  Le serpent au pied du mont est un démon favorable (agathodémon) qui était fréquemment représenté parmi les lares.  

Les rochers du sommet avaient cependant déjà attiré l’attention de l’architecte et constructeur Vitruve (Vers 90 av. J.-C. – vers 20 av. J.-C.)  qui,  connaissant bien les matériaux de construction, notait  la similitude entre les roches du Vésuve et celles de l’Etna. Il concluait en  faisant  référence à une tradition orale : « On rapporte aussi qu'anciennement le Vésuve sentit croître dans ses flancs des feux excessifs, et vomit la flamme sur les campagnes d'alentour. » et « Sous ces montagnes et dans tout ce territoire, il y a un grand nombre de fontaines bouillantes ; elles n'existeraient pas, s’il ne se trouvait au fond de la terre de grands feux produits par des masses de soufre, ou d'alun, ou de bitume en incandescence. La vapeur qui s'exhale de ces profonds réservoirs de feu et de flamme, se répandant brûlante par les veines de la terre, la rend légère, et le tuf qui en est produit est aride et spongieux. » Strabon (58 av. J.-C. – 21 apr. J.-C.) a, lui aussi, écrit que le Vésuve était un ancien volcan : « Il possède des cratères de feu, lesquels se sont éteint faute d’aliments ».

 

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