C’est ainsi que Jean-Paul Maugis appelle justement les seigneurs normands qui s’installent dans le Sud de l’Italie vers les années mille. De là ils font la conquête de la Sicile dominée alors par les arabes, qui s’y étaient installés aux dépens des Byzantins.
Le duc Robert Guiscard est suivi par son frère, le comte Roger Ier. Roger II son fils lui succède, puis il est couronné roi en 1130. C’est lui qui fait construire à Palerme le Palais qui contient la Chapelle Palatine. Lui succèdent Guillaume Ier, puis le fils de ce dernier, Guillaume II. Tous deux complètent et embellisssent la Chapelle Palatine. Guillaume II meurt sans héritier, et la couronne passe aux Hohenstaufen, par suite du mariage de sa tante avec le futur Henri VI. Le souverain suivant est l’empereur Frédéric II, né à Palerme.
Jean-Paul Maugis, nous rappelle à ce propos la conférence faite jadis à l’Acorfi sur Frédéric II.
La Chapelle Palatine se trouve au premier étage du Palais. Elle est à peine plus grande que l’Eglise de Germigny-des-Prés, elle aussi Chapelle Palatine, dont Jean-Paul Maugis a fait pour les adhérents la visite commentée en 2003. Il nous présente un plan et une vue en coupe de la chapelle, entièrement décorée de mosaïques. Elle comporte deux parties, la partie liturgique (le chœur) et la partie ducale, pour les réunions de palais.
Le trône était accompagné de deux colonnes. Il n’en reste qu’une, dont Jean-Paul Maugis souligne la ressemblance avec les colonnes qui ornent le mihrab de la Grande Moquée de Kairouan.
Les maîtres et artistes byzantins ont inspiré et réalisé les mosaïques. Mais beaucoup de points soulignés par Jean-Paul Maugis indiquent des différences, à commencer par la consécration à Pierre et Paul. Les règles orthodoxes observées à Sainte-Sophie par Paleo Silenziario ne sont pas suivies, le Christ Pantocrator figure sur la coupole et dans l’abside, dans une composition plus libre, etc.
La découverte récente d’objets contenus dans un coffre d’ivoire met en évidence les échanges provoqués par les croisades : un sceau mésopotamien, des pierres pour peser l’or et l’argent, des reliques du patriarche d’Antioche, et de Sainte Catherine du Sinaï, etc.
Ce moine philosophe a prononcé une homélie en cette chapelle en présence de Roger II, qui nous apporte une description saisissante de la chapelle vue de la chaire, et Jean-Paul Maugis cite point par point les termes de cette “extrasie” ou description littéraire d’œuvre d’art, nous faisant vivre la scène image par image.
Elle est mise en valeur durant toute la conférence.
Il faut y ajouter l’usage des différentes langues, mis en évidence par la Magna Carta de 1140 signée par 23 dignitaires d’ethnies différentes.
Jean-Paul Maugis nous montre celles de la Martorana et de Saint Jean des Ermites, également à Palerme. Puis celles de Monreale, et surtout de la cathédrale de Cefalù, à 60 kilomètres de Palerme. Les mosaïques de Cefalù couvrent 6 000 métres carrés. Pour le visage du Christ Pantocrator il est employé 6 tesselles au centimétre carré.
Jean-Paul Maugis fait plusieurs fois la comparaison avec les mosaïques de Ravenne, qui sont antérieures (Xe siècle) et purement byzantines, rappelant que certains d’entre les adhérents pourront les voir en juin lors du voyage organisé par l’association.
Le plafond est d’inspiration et d’exécution arabes, avec des peintures rarement présentes dans cette forme d’art que les photos présentent en minutie. Jean-Paul Maugis évoque également par des photos les palais normands de la Cuba et de la Zisa, situés eux aussi à Palerme, et de pure inspiration arabe.
Soit le Christ Pantocrator, soit la Vierge et les saints, l’Annonciation, les anges, la Nativité, il nous est fait une description exhaustive, attirant l’attention sur les détails ou les points de beauté, couleur ou expressions, qui nous échapperaient.
L’assistance est enchantée et la soirée s’achève avec de longs applaudissements.