Année 2002-2003 : 10 juin 2003

Le Calcio, phénomène de société,

par Pierre Staelen

 

L’Italie d’aujourd’hui vue à travers le plus populaire des sports
(résumé de l’exposé)

De tous les pays du monde L’Italie est celui qui accorde au football la plus grande place dans la vie de son peuple. La récente (mai 2003) finale de la Ligue des Champions entre deux équipes italiennes, a une nouvelle fois placé le “calcio”, le football italien , au centre de l’actualité.

Chaque semaine le calcio déplace des milliers de personnes. Les stades peuvent accueillir de grandes foules : 85.000 à Milan et Rome, 70.000 à Turin. Ajoutons-y des millions de téléspectateurs, à la maison ou dans des salles.

Un ancêtre du calcio, le “calcio fiorentino”, ou “Calcio in Livrea”.

Sous ce terme on pratiquait à Florence durant la Renaissance, une sorte de football. D’abord
joué dans les rues et sur les places, ce “calcio” s’est peu à peu organisé, joué par de nobles citoyens dans des vêtements somptueux durant le carneval ou les événements spéciaux.

La dernière partie officielle eût lieu en janvier 1739, Piazza Santa Croce. On en reprit l’habitude à partir de mai 1930, en y jouant à la manière d’une partie mémorable, celle du 17/2/1530.

Les parties se déroulent Piazza Santa Croce. Les “calcianti” (joueurs) des 4 quartiers historiques, avec les couleurs : Bianchi de Santo Spirito, Azzuri de Santa Croce, Rossi de Santa Maria Novella et Verdi de San Giovanni.

Le calcio fiorentino se joue en juin, en 3 parties, il y a 2 parties éliminatoires, la finale a lieu le 24 juin, fête de St Jean patron de Florence

Le jeu ressemble au football actuel avec apport de rugby et de lutte : durant les rixes les capitaines interviennent afin de calmer les équipes. Il faut faire entrer le ballon dans le but adverse, si l’on marque on a une “caccia”, si l’objectif est raté l’adversaire marque une “mezza caccia”.

De nos jours : L’aspect financier, ou les mécomptes du calcio.

Sans doute les clubs italiens ont-ils toujours rencontré des difficultés financières, mais c’est maintenant que la situation est devenue, comme en France mais plus qu’en France, dramatique. Malgré l’apport des droits de Télévision qui ont permis de tripler leur Chiffre d’Affaires en cinq ans, et le soutien du sponsoring et de la vente d’objets, l’explosion des frais salariaux, due essentiellement aux salaires élevés des joueurs, a mis plusieurs clubs en faillite.

Les présidents de clubs, bien que souvent eux-mêmes chefs d’entreprise expérimentés, ne réussissent pas toujours bien dans la gestion des clubs de football. La cotation en bourse de certains clubs ne permet pas d’assainir leur situation, qui repose avant tout sur les plus-values acquises avec la vente des joueurs.

Les grands clubs (Juventus, de Turin, Milan AC, Inter de Milan, Roma et Lazio) sont souvent mieux lotis que les autres, étant favorisés par leur volume d’entrées, et leur notoriété qui leur garantit des droits de télévision élevés. Les clubs moyens et petits, toujours menacés de la relégation en championnat inférieur, et exclus de l’accession aux championnats européens par leur classement insuffisant, sont les plus en difficulté.

Voici quelques tableaux et graphiques qui illustrent cette délicate situation financière.

Saison 2000/2001 :

les comptes des 18 Clubs italiens de Série A
Droits de télévision
619
53,78 %
Tickets / abonnements
187
16,25 %
Sponsoring
150
13,03 %
Vente produits club
195
16,94%
Millions d'Euros
51
100,00 %

Rapport salaires/chiffre d'affaire :
Italie 75 %
France 64 %
Grande bretagne 60 %
Espagne 55 %
Allemagne 46 %

On parle ensuite des tifosi.

Leur nombre : une enquête récente a eu lieu sur le nombre des supporters :

À titre indicatif on compte en Europe 15 millions de supporters pour le Real Madrid.

Le choix d’un club à supporter (tifare) est très sérieux, et revêt le tifoso d’une véritable identité, s’apparentant au choix d’une nationalité, souvent transmise dans la famille, de père en fils ou fille.

C’est pourquoi les tifosi arborent le nom et les couleurs de leur club, comme s’il s’agissait des couleurs de leur pays.

Voici des exemples de la manière dont on appelle les supporters, selon le club :

ou selon la couleur des maillots

Les rapports passionnés qui lient les tifosi à leur équipe s’expriment par des signes extérieurs aussi voyants ou sonores que possible :

Les tifosi, c’est aussi l’esprit de bande, l’affirmation, la rage de paraître. On assiste malheureusement à certaines outrances de la part des ultras : manifestations contre les présidents de clubs, les entraîneurs, les arbitres (les tifosi se plaignent souvent de l’arbitrage, trouvé injuste), injures ou réactions racistes à l’égard des joueurs noirs (surtout s’ils appartiennent au camp adverse).

Ce que l’on rencontre aussi, exprimé par les tifosi, c’est le complexe de la petite ville, ou la rivalité des villes moyennes entre elles, s’exprimant par des apostrophes dans les différents dialectes ou accents. C’est particulièrement vrai dans le nord de l’Italie, où se trouvent la plupart des clubs de première série

Il y de bons côtés dans l’esprit tifosi, c’est la solidarité, la mise en valeur des identités locales. Surtout les tifosi fournissent aux joueurs un soutien incomparable durant la partie, parculièrement dans les moments difficiles.

Il y a de bonnes tifoseries auprès de : Chievo Verona, Nàpoli, Milan AC , Inter, la Juve.
Cette dernière, qu’on appelle la “Vecchia Signora” est aimée et quelquefois détestée dans tous les coins de l’Italie. Chaque club est soutenu par de nombreuses associations de tifosi.

Il existe un prix pour les associations de tifosi les plus disciplinées : l’a remporté récemment le North Side 1994 du Chievo (devant Parma et Udinense)

Bien loin d’être rétrogrades, les clubs de football et les associations de tifosi se servent de tous les moyens modernes de communication : journaux, S.M.S., messages électroniques, les forum, appelés “muro” (chacun peut déposer son message sur un mur électronique, les sites sur Internet (site napolitain sur Maradona, en 6 langues)

L’exposé, dont on a trouvé ci-dessus un résumé, était supporté par des transparents illustrant certains aspects du calcio, tels que :

L’assistance apporta une ample contribution à la découverte de ce “phénomène de société”, par des demandes d’explications, ou des précisions sur certains points (le but “divin” de Maradona).

Bibliographie :

Sur le web :

 

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