Latmosphère de ce carnaval est tout à fait singulière : peu de figures grimaçantes, ricanantes comme dans dautres carnavals populaires de renommée mondiale : ici tout ou presque est féerie, somptuosité, magie, apparitions évanescentes.
Ces propos flatteurs contrastent avec lappréciation dun historien italien du carnaval de Venise : D. Reato qui reproche à ce carnaval dêtre dénaturé par le fait que : "le masque est une contrainte, une mode soumise aux impératifs de la publicité et où le déguisement familial est le summum de la dégénérescence petite-bourgeoise".
Ceci qui voudrait dire que la transgression inhérente à tout carnaval serait, à Venise, transformée en une obéissance aveugle aux diktats des médias. Il y a du vrai dans cela mais ces assertions me semblent trop réductrices : en effet le carnaval actuel est lhéritier dun carnaval très ancien, historique, dont il a, certes, perdu beaucoup daspects. Néanmoins il renoue avec une tradition qui participe de limage idyllique de Venise par sa magnificence, sa dimension esthétisante. Quoiquon en dise cela reste riche de sens. Il ny a pas dans cette manifestation, que la préoccupation denrichir les hôteliers (!).
Après avoir succombé personnellement au charme du carnaval il y a quelques années jai été interpellée par les raisons qui pouvaient justifier tant de critiques acerbes et cela ma amenée à mintéresser à lhistoire de ce carnaval si fastueux pour mieux cerner ses ressemblances, ses dissemblances davec le carnaval historique, en fait à envisager son histoire. Et je me suis aussi attachée à en cerner la signification : cette manifestation commerciale pour certains en dit beaucoup sur nos sociétés