Année 2002-2003 : 21 janvier 2003

L'histoire du carnaval de Venise,
par Gisèle Karczewski


 1. Un carnaval singulier

L’atmosphère de ce carnaval est tout à fait singulière : peu de figures grimaçantes, ricanantes comme dans d’autres carnavals populaires de renommée mondiale : ici tout ou presque est féerie, somptuosité, magie, apparitions évanescentes.

Ces propos flatteurs contrastent avec l’appréciation d’un historien italien du carnaval de Venise : D. Reato qui reproche à ce carnaval d’être dénaturé par le fait que : "le masque est une contrainte, une mode soumise aux impératifs de la publicité et où le déguisement familial est le summum de la dégénérescence petite-bourgeoise".

Ceci qui voudrait dire que la transgression inhérente à tout carnaval serait, à Venise, transformée en une obéissance aveugle aux diktats des médias. Il y a du vrai dans cela mais ces assertions me semblent trop réductrices : en effet le carnaval actuel est l’héritier d’un carnaval très ancien, historique, dont il a, certes, perdu beaucoup d’aspects. Néanmoins il renoue avec une tradition qui participe de l’image idyllique de Venise par sa magnificence, sa dimension esthétisante. Quoiqu’on en dise cela reste riche de sens. Il n’y a pas dans cette manifestation, que la préoccupation d’enrichir les hôteliers (!).

Après avoir succombé personnellement au charme du carnaval il y a quelques années j’ai été interpellée par les raisons qui pouvaient justifier tant de critiques acerbes et cela m’a amenée à m’intéresser à l’histoire de ce carnaval si fastueux pour mieux cerner ses ressemblances, ses dissemblances d’avec le carnaval historique, en fait à envisager son histoire. Et je me suis aussi attachée à en cerner la signification : cette manifestation commerciale pour certains en dit beaucoup sur nos sociétés…

 

©ACORFI