Année 2002-2003 : 15 octobre 2002

Les Abruzzes, … passionnément,

par Giulia Guerci


Aspects géographiques, touristiques et poètiques de cette Région

Les Abruzzes constituent la région italienne la plus élevée en moyenne : 60 % du territoire se situent au-dessus de 700 mètres.

Bien que situées à la latitude de Rome, leur dialecte est méridional, ayant fait partie longtemps du royaume de Naples.

Elles contiennent le Gran Sasso, 2900 mètres, la plus haute montagne des Apennins. Les provinces des Abruzzes sont : L’Aquila, Téramo, Pescara, Chieti.

Limitées à l’Est par la mer Adriatique, les Abruzzes ont de très belles plages, exploitées touristiquement ou sauvages.

Jadis terres pauvres, ruinées par l’émigration de ses travailleurs, les Abruzzes sont devenues relativement riches grâce au tourisme, de montagne et de mer. Un artisanat très renommé s’y maintient.

Des chants populaires et des poèmes de ses hommes illustres (d’Annunzio, Ugo Betti) ont décrit le charme de cette région, la rudesse de la vie qu’on y menait, et la simple humanité de ses habitants (si bien mis en évidence par Mme Guerci, photographiée ci–contre).

Cliquez sur cette petite carte pour voir la carte des Abruzzes

 

Activités économiques :

 

Personnages importants :

Récit d'un écrivain Sud-Africain, prisonnier des Allemands en Italie
et sauvé grâce à la générosité des montagnards des Abruzzes

L'AVVENTURA D'UN POVERO CRISTIANO

L'AVENTURE D'UN PAUVRE CHRÉTIEN

Sulle pendici, del monte della Rocca, essi raggiunsero il villaggio di Roccacasale. Benché questo fosse già gremito di ex prigionieri, e non vi fosse plu' una sola famiglia a esserne sfornita, i tre furono ugualmente accolti a braccia aperte. L'intera popolazione, poverissima, si dava da fare dalla mattina alla sera per procurare agli ospiti un'alimentazione decente, mentre i tedeschi affiggevano sui muri manifesti che minacciavano la pena capitale a chiunque aiutasse i prigionieri alleati evasi. Un giorno i tedeschi arrivarono con un camion e prelevarono trenta ostaggi.

Sur les pentes des Monts de la Rocca, ils rejoignirent le village de Roccasale, déjà rempli de prisonniers et bien que toutes les familles soient mal approvisionnées, tous les trois furent accueillis de la même façon, à bras ouverts. La population entière, très pauvre, se devait de tout faire, du matin au soir, pour fournir à leurs hôtes une alimentation décente, tandis que les Allemands affichaient sur les murs des manifestes qui promettaient la peine capitale à quiconque aiderait les prisonniers alliés évadés. Un jour les Allemands arrivèrent en camion et prirent trente otages.

Con l'avvicinarsi dell'autunno apparvero sui pascoli delle vicinanze i primi greggi in transumanza verso le Puglie. Era la meta a cui pensavano, i militari alleati fuggiaschi. A uno di quei greggi si accodò anche il Krige. Lo conduceva un pastore che ne era anche il proprietario, un tale Bartolomeo oriundo del Teramano, che non fece difficoltà ad accoglierlo. Ben presto il Krige si accorse che anche gli altri uomini al servizio, di Bartolomeo erano falsi pecorai. Strada facendo, essi incontravano altri greggi col medesimo eccesso di guardiani; tutti erano diretti verso il Sud.

À l'approche de l'automne, apparurent sur les pâturages voisins, les premiers troupeaux en transhumance vers les Pouilles. C'était le moyen auquel pensaient les militaires alliés pour fuir. À l'un de ces troupeaux, se joignit aussi Krige. Un berger le conduisait, il en était aussi le propriétaire, un certain Bartolomé, originaire de Teramano : il ne fit aucune difficulté à l'accueillir. Très vite Krige eut conscience que les autres hommes au service de Bartolomé étaient aussi , de faux bergers. Sur la route, ils rencontraient d'autres troupeaux avec le même surplus de gardiens, tous se dirigeaient vers le Sud. (Les pouilles où étaient les américains)

Durante una sosta notturna, in prossimità del fronte, vari pastori vennero da Bartolomeo., Essi erano in grave apprensione. Sedettero intorno a un gran fuoco sul quale arrostiva un agnello appena scuoiato e parlarono quasi tutta la notte, Da une grotta vicina il Krige, che sapeva un po' d'italiano, poté seguire tutta la loro conversazione.

Durant une pause nocturne, près du front, divers bergers vinrent près de Bartolomé. Ceux-ci ressentaient une grande appréhension. Ils s'assirent autour d'un grand feu sur lequel rôtissait un agneau, à peine dépouillé, et parlèrent toute la nuit. D'une grotte voisine, Krige, qui savait un peu d'italien, put suivre la conversation.

A turno i pastori parlarono del pericolo imminente. Il passaggio del fronte, dicevano, non sarebbe stato facile. Di notte? Impossibile, le pecore si sarebbero disperse, alcune sarebbero precipitate in qualche burrone, si sarebbero ferite, i cani avrebbero abbaiato, avrebbero dato l'allarme, destato l'atteniione delle sentinelle; di giorno, ancora peggio, sarebbero con certezza avvistati dai tedeschi che avrebbero sparato. Il travestimento degli ex prigionieri non li avrebbe ingannati; erani, troppo giovani e biondi e signorili, anche vestiti da contadini. 1 pastori si scambiarono le ultime notizie sulle rappresaglie tedesche contro la popolazione civile. Erano stati sequestrati mandrie di vacche e greggi di pecore, erano state fucilate varie famiglie. La conversazione andè avanti con lunghe pause e ripetizioni di cose già dette. Erano gli argomenti del buon senso. Il Krige prevedeva la triste e inevitabile conclusione, che perè nessuno osava proporre apertamente. Lo stesso Bartolomeo disse: « Avete ragione. Nessuno potrà darci torto ». Il Krige stava per alzarsi e dichiarare ai pastori che condivideva la lorc, preoccupazione; avrebbe radunato gli altri ex prigionieri che si trovavano nelle vicinanze e discusso con es ' si come affrontare il pericolo da soli, come militari. Ma Bartolomeo aveva ripreso a parlare. « Abblamo portato questi uomini fin qui » diceva « sono forestieri, non conoscono la montagna. Çome possiamo abbandonarli? Siamo cristiani, no? » Nessuno tra i pastori mosse obiezione, la transumanza continuo per la strada prevista ed ebbe fortuna, avendo i tedeschi, poche ore Prima, evacuato quel tratto di fronte.

Chacun leur tour les bergers parlaient du danger imminent. Le passage du front, disaient-ils, ne serait pas facile. De nuit ? Impossible, les bêtes se disperseraient, risquaient d'être précipitées dans un ravin, se blesseraient, les chiens aboieraient, donneraient l'alerte, éveillant l'attention des sentinelles. De jour, encore pire, ils seraient sûrement repérés par les allemands qui tireraient. Le déguisement des prisonniers ne les tromperait pas : ils étaient trop jeunes, trop blonds, trop distingués, même habillés en paysans. Les bergers échangeaient les dernières nouvelles sur les représailles allemandes contre la population civile. Des troupeaux de vaches étaient pris et aussi des troupeaux de moutons … certaines familles étaient fusillées. La conversation se faisait avec de longues pauses, on répétait des choses déjà dites. C'était les arguments du bon sens. Krige prévoyait la triste et inévitable conclusion que, cependant, personne n'osait exprimer ouvertement. Le même Bartolomé dit : "Vous avez raison. Personne ne pourra vous donner tort. Krige allait se lever et dire aux bergers qu'il partageait leurs préoccupations ; il devait rejoindre les autres prisonniers qui se trouvaient dans le voisinage et voir, avec eux, comment affronter le danger, tout seuls, comme des militaires. Mais Bartolomé s'était remis à parler : "Nous avons amené ces hommes jusqu'ici, disait-il, ce sont des étrangers , ils ne connaissent pas la montagne. Comment pouvons-nous les abandonner ? Ne sommes nous pas de chrétiens ?" Aucun, parmi les bergers, ne fit d'objection ; la transhumance se poursuivit, par la route prévue, les Allemands ayant évacué, quelques heures plus tôt cette partie du front.

Prima di lasciare Roma e tornarsene nel Sud-Africa, nel 1945, Uys Krige mi prese a testimone di due suoi voti: avrebbe scritto un libro su questa contrada che egli chiamava "terra amica e prediletta», e appena possibile sarebbe tornato portando con sé sua figlia, nella convinzione che avrebbe giovato all'educazione della ragazza conoscere quei posti e quella gente.

Avant de quitter Rome, pour retourner en Afrique du Sud, en 1945, Uys Krige me fit part de deux de ses souhaits : il écrirait un livre sur cette contrée et, dès que possible, il reviendrait, avec sa fille, en ayant la conviction que la connaissance de ces lieux et de ces gens serait utile à son éducation.

Ignazio Silone

Ignazio Silone

Traduction, en français, de Colette Blondeau


CANTO D'EMIGRANTI

LE CHANT DES ÉMIGRANTS

Il canto degli emigranti del contemporanco Ugo Betti è accorato e struggente. Nessun rancore, nessun lamento esce dalla bocca di chi lascia tutto dietro di se e cede con rassegnata obbedienza a una necessità che sembra fatale e inevitabile.

"Le chant des émigrants", du poëte contemporain Ugo Betti, est triste et poignant. Aucune rancœur, aucune plainte, dans la bouche de ceux qui abandonnent tout derrière eux et obéissent avec résignation à une nécessité fatale et inévitable.

Con la miserla empimmo questa sacca,
e vi mettemmo un pugnello di grano,
Il piccone rintocca con la zappa,
i figli nostri li abbiamo per mano.
Oggi non ci mancò vino né pane;
la sera è chiara, l'organetto suona;
c'è un che di festa; ma senza campane!

Poussés par la misère nous avons rempli cette besace,
Et nous y avons mis une poignée de blé,
La pioche s'entrechoque avec la houe,
Nous tenons nos enfants par la main.
Aujourd'hui nous n'avons manqué ni de vin, ni de pain ;
Le soir est clair, l'harmonica joue ;
Il y a comme un semblant de fête, mais sans cloche.

0 genti, se da voi avemmo torti,
ormai fu seppellito il bene e il male.
Dorma il padrone sul fresco guanciale
con la sua sposa, e non abbia rimorsi!
Addio campo, campo di spighe amare!
Il padre è vecchio, non farlo penare.

Ô bonnes gens, si nous avons eu des torts envers vous,
Désormais le bien et le mal sont ensevelis.
Que le patron dorme sur son frais oreiller
Avec son épouse, et qu'il n'ait pas de remords !
Adieu champ, champ d'épis amers !
Le père est vieux, ne le fais pas peiner.

Padre, per noi non avere temenza,
che là o qua sarà sempre zappare;
sempre alla terra doversi specchiare,
questa è la sorte di nostra semenza.
La faccia nostra ha colore di campo!
Dammi il fagotto, padre, che sei stanco;
torna alla casa ed abbi pazienza,

Père, pour nous n'aie crainte,
Car ici ou là-bas nous devrons toujours piocher ;
Et toujours dans la terre nous mirer,
Tel est le sort de notre race.
Notre visage a la couleur des champs !
Donne moi le baluchon, père, tu es fatigué ;
Retourne à la maison et prends patience.

E nostra madre vestita di nero
raccomandare tante cose vuole:
d'aver coraggio, d'avere pensiero…
ora piange, né può dir parole.
Ora nelle sue mani poverette,
dopo tanto pregare e faticare,
lacrime, per moneta, Iddio ci mette!
Ed ora andiamo: e tu suona, compare.

Et notre mère, vêtue de noir
Veut nous faire tant de recommandations :
Avoir du courage, penser à …
Mais elle pleure à présent et ne peut dire un mot.
Aujourd'hui, dans ses pauvres mains,
Après tant de prières et de fatigue,
Dieu met des larmes pout tout salaire !
Et maintenant allons : et toi joue, compagnon.

Ugo Betti

Ugo Betti

I PASTORI D'ABRUZZIO

LES BERGERS DES ABRUZZES

Settembre, andiamo. E tempo di migrare.
Ora in terra d'Abruzzi i miei pastori
lascian gli stazzi e vanno verso il mare.
Scendono all' Adriatico selvaggio
che verde è come i pascoli del monti.

Septembre, allons. Il est temps d'émigrer.
En ce moment en terre d'Abruzzes, mes bergers
quittent les enclos et vont vers la mer.
Ils descendent jusqu'à l'Adriatique sauvage
Vert comme les pâturages des montagnes.

Han bevuto profondamente ai fonti
alpestri, che sapor d'acqua natìa
rimanga ne' cuori esuli a conforto,
che lungo illuda la lor sete in via.
Rinnovato hanno verga d'avellano.

Ils ont bu longuement aux sources
Alpestres, afin que la saveur de l'eau du sol natal
Demeure, dans leurs cœurs exilés, comme un réconfort,
Et que longtemps elle trompe leur soif en chemin.
Ils ont renouvelé leur baguette de coudrier.

E vanno pel tratturo antico al piano,
quasi per un erbal fiume silente,
su le vestigia degli antichi padri.
0 voce di colui che primamente
conosce il tremolar della marina !

Et ils vont à la plaine par l'antique draille,
Comme par un fleuve végétal silencieux,
Sur les traces de leurs ancêtres.
Ô voix de celui qui le premier
Perçoit le frémissement de la mer !

Ora lungh'esso il litoral cammina
la greggia. Senza mutamento è l'aria.
Il sole imbionda sì la viva lana
che quasi dalla sabbia non divaria.
Isciacquìo, calpestìo, dolci rumori.

Maintenant le long de son littoral marche
Le troupeau. L'air est sans mouvement.
Le soleil dore tant la vivante laine
Qu'elle ne se distingue presque plus du sable.
Clapotis, piétinement, doux bruits.

Ah perché non son io co' miei pastori ?

Ah ! Pourquoi ne suis-je pas avec mes bergers ?

Gabriele d'Annunzio

Gabriele d'Annunzio

Traduction, en français, des deux poèmes par Marie-Antoinette Louf-Cani


Une douzaine de photos illustre ces propos

 

Pour approfondir le sujet, vous pouvez consultez les liens suivants :

il sito dei parchi verdi d'Abruzzo

Nodo Internet a servizio degli Enti Locali e dei Cittadini

par Touristie



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