Jean NIVET est agrégé de lettres classiques
et vice-président de
l'Association Guillaume-Budé section orléanaise
Comme beaucoup d’humanistes de cette époque, le jeune Érasme avait le désir de séjourner en Italie. Faute d’argent, il a dû attendre d’avoir 37 ans pour pouvoir s’y rendre. Il y est resté moins de trois ans et n’y est jamais retourné. Mais ce séjour l’a beaucoup marqué et a eu une influence décisive sur sa pensée.
Partout – à Turin, à Florence à Bologne et même à Venise – Érasme a connu bien des déceptions. Et il semble qu’il soit resté insensible aux beautés architecturales et artistiques suscitées par le grand élan créatif du cinquecento. De plus ce qu’il a vu à Rome l’a conforté dans les critiques que, depuis sa découverte des œuvres de Lorenzo Valla, il adressait à l’Église.
Pourtant ce sont les rencontres qu’il a pu faire avec des humanistes qui l’ont réconcilié avec ce pays. Et c’est peut-être la sympathie que lui ont manifestée certains cardinaux cultivés, le bon accueil qu’il lui ont fait dans leurs bibliothèques qui l’ont empêché de suivre Luther dans sa rupture avec l’Église.
Finalement, après avoir constaté que les Italiens n’étaient ni plus ni moins fous que les autres, c’est avec regret qu’Érasme a quitté ce pays, dont il s’est toujours souvenu avec nostalgie. |