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19 novembre 2019
La Renaissance à Venise ou la naissance du livre moderne
par Graziella BAIO-LECLAIR
Ce soir du mardi 19 novembre 2019, nous accueillons dans la salle Érasme l’une de nos conférencières attitrées, Graziella Baio Leclair, réchappée, d’une Venise inondée, sévèrement balayée par des assauts d’acqua alta depuis quelques jours. Ville en proie à des dégâts considérables qu’évoque avec précision notre amie vénitienne frappée par cet événement climatique particulièrement ravageur dans cette zone de la Vénétie soumise aux aléas de plus en plus destructeurs des inondations annuelles. Non, Venise n’est pas encore la ville d’Ys qui gît au fond de l’océan atlantique, mais Graziella évoque la destinée malheureuse de cette ville d’art trop aimée, trop visitée et pas assez protégée. Funestes présages.
La Renaissance à Venise ou la naissance du livre moderne.
Un Zoom arrière nous ramène heureusement au temps de la Renaissance qu’elle fait revivre en évoquant la famille des grands imprimeurs vénitiens, les Alde Manucce.
Vers 1455, dans l’orgueilleuse sérénissime, d’architecture toute gothique, cette famille travaille à l’impression de nouveaux livres grâce à une technique innovante expérimentée par les Vénitiens. En effet, elle produit la Bible de Gutemberg à 2OO exemplaires dans une typographie révolutionnaire (à 42 lignes) qui remplace les caractères gothiques, sophistiqués, peu lisibles jusqu’alors en usage.
Cette révolution va se répandre rapidement, devenant une aventure européenne en moins d’une génération. Le livre imprimé commence à remplacer le manuscrit facilitant la circulation des connaissances et transformant l’enseignement. Nouvelle forme de pédagogie qui peut circuler librement sous forme de livres plus maniables. C’est un passage historique comparable à la révolution digitale d’aujourd’hui. La cité des Doges devenue le refuge des savants byzantins chassés par les Turcs ottomans voit se répandre la culture gréco-romaine à partir de Venise. Des personnages lettrés comme le cardinal Grimani et Pietro Bembo, collectionneurs d’objets antiques, voient leurs ouvrages nouvellement imprimés se répandre dans toutes les cours italiennes de la péninsule.
En l’espace de 20 ans, au début du XVIe siècle, Alde Manucce travaillera à l’impression de centaines de livres écrits en grec et en latin, avec un soin et une mise en pages raffinée qui feront leur succès. Ces nouveaux volumes fabriqués en formats de petite taille, devenus maniables rendent la lecture plus aisée. C’est ainsi que se répand la culture humaniste : d’abord dans les cercles de lettrés avant de toucher un plus vaste public. Venise devint donc un des centres importants de ce nouvel art d’imprimer que les humanistes mettront au service de leurs projets intellectuels.
La conférence fut illustrée par des images évocatrices qui retinrent l’attention des spectateurs intéressés par cette incursion dans le monde de l’imprimerie vénitienne.
