Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2015-2016
Puccini une vie pour l'opéra![]()
C'est Dominique Masson, membre du Conseil d'Administration, et à l'origine de cette conférence, qui fait la présentation de la conférencière, citant les responsabilités qu'elle a exercées, dont celles pour le Ministère de la Culture, notamment la Direction d'Instituts culturels français en Allemagne et en Autriche. Elle mit aussi en relief sa connaissance de l'histoire de l'Empire austro-hongrois. En réponse la conférencière nous montre par des exemples, comment l'Allemagne et surtout l'Autriche restent tournés vers l'Italie, par l'histoire et la géographie, et notamment par la musique. Quant au titre qu'elle a choisi, “Une Vie pour l'Opéra”, il rappelle que Puccini était avant tout un homme de théâtre et compositeur d'opéra. Sans doute en méconnaissance de la salle et de nos habitudes, elle appliqua un plan inhabituel : d'abord les débuts musicaux de Puccini, puis sa musique, en usant pour celle ci de comparaisons avec les autres compositeurs, ensuite elle nous montra des images sélectionnées, et enfin nous fit entendre quelques extraits. Et ce fût une conférence très réussie, dense et copieuse à la fois, révélant en même temps une érudition exceptionnelle.
Il convenait donc de réhabiliter Puccini. Marie-Claude Farison y parvint totalement, tout en le comparant aux deux géants qui le précédaient, Wagner et Verdi. Et si Verdi a pu jouer un grand rôle dans la vocation de Puccini, c'est de Wagner qu'il paraît le mieux s'inspirer, influencé peut-être par son professeur Ponchielli. La comparaison avec Verdi révèle par contre de sensibles divergences. D'abord, en analysant l'intrigue des 22 opéras de Verdi, qui on nous le rappelle appartient à la période romantique, on constate qu'il s'agit principalement, soit de sujets historiques, soit de thèmes empruntés à la littérature, Seuls les deux derniers opéras, Otello et Falstaff, se trouvent en harmonie avec le temps où ils sont écrits, nous dit-elle. A l'inverse ceux de Puccini paraissent bien implantés dans l'époque de leur création. De même au temps de Verdi il était d'usage de découper l'intrigue en scènes, puis en numéros, exécutés sur le devant de la scène par des chanteurs à voix. Avec Puccini et à l'image de Wagner et de sa “Gesamtkunst”, l'art total, l'orchestre vient en première ligne, au point que les chanteurs “se font instruments”.
Ce fût une élégante démonstration, dans un langage très pur, sans cesse en quête du mot juste, de formules bien sonnantes et de phrases équilibrées, indifférent à la mesure du temps (ses habitudes de professeure, s'excusa-t-elle). Par ailleurs, tout son discours était imprégné d'une exceptionnelle sensibilité musicale, perceptible même par une assemblée qui n'est pas uniquement composée de mélomanes avertis ou fervents. Cherchant des points particuliers qui nous ont frappés, on pourrait proposer les clins d'oeil à l'italianité, comme le concert des lucquois accompagnant à la gare de Lucques le jeune Puccini parti compléter à Milan sa formation musicale. De même, la conférencière évoque ravie le concert de voix improvisé entendu dans un restaurant italien en Allemagne. Le rôle de Ricordi, détecteur de talent et génial investisseur, mais aussi pseudo-père, nous fait l'effet d'une découverte. On a aussi aimé l'affichage d'opinions bien marquées, comme la préférence de la Manon de Puccini sur celle de Massenet, ou la détestation de “La Bohème” de Puccini, bien compensée par le décryptage de la scène de la torture de la “Tosca”.
Vous pouvez écouter la conférence en suivant le lien ci-dessous.
|