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Regards indiscrets sur les secrets de la Sardaigne![]()
Après un court rappel des films précédents, Henri Massieu présente brièvement son film; la plupart des sites qui y figurent sont pour nous inédits.
Henri Massieu aime passionnément la Sardaigne, et ses films nous permettent de participer à sa passion. La culture nuragique qu'il nous présente, remonte à des temps très éloignés, et nous apparaît en même temps très avancée pour ces temps. Et pourtant on en connaît mal l'origine. Tout commence par l'obsidienne, sculptée, et taillée pour faire des armes et des ustensiles A cette époque la Sardaigne présentait le plus important gisement d'obsidienne en exploitation et pouvait en approvisionner tout le continent. La route de l'obsidienne, passant par la Corse et l'Ile d'Elbe, aboutissait en Etrurie. Et ainsi Henri porté par l'enthousiasme nous emmène sur cette nouvelle voie, celle du développement de la culture nuragique vers le continent, la rendant peut-être à l'origine d'autres cultures - restées mystérieuses elles aussi - comme par exemple celle des étrusques. Nous acorfiens moyens n'avons sûrement pas qualité pour donner un avis sur cette question qui nous dépasse. Si les sardes sont de nos jours plus terriens que marins, leurs ancêtres nuragiques dans leurs barques typiques ont bien pu aborder d'autres rivages même lointains de la Mer Méditerranée. Et ne seraient-ils pas ce mystérieux “peuple de la mer” connu depuis l'ancienne Egypte? Les similitudes de noms et de costumes avancées dans le film permettraient d'y penser. Et c'est la recherche des origines qui nous mène en des lieux jusqu'ici inconnus pour nous, comme Nora et son temple de Tanit, dans le sud de l'île, qui fut colonie phénicienne. Le film nous rappelle les sacrifices de nouveaux-nés à Tanit, attribués aux phéniciens.
On a aussi goûté le rapprochement entre la construction de la voûte d'une tombe étrusque (à Vulci ?) et celle du célèbre nuraghe de Losa. La construction des nuraghes est remarquablement expliquée et abondamment illustrée dans le film, et offre une preuve indiscutable de la maîtrise des sardes de l'antiquité dans ce domaine, qui aurait été ainsi transmise aux autres civilisations. L'excursion continue plaisamment de site en site, quand sur le chemin d'Oniferi et sa nécropole de Sas Concas on s'arrête pour assister à une démonstration de récolte de chêne-liège, intermède bien choisi qui renforce l'impression d'être en promenade.
On a déjà dit combien on apprécie l'ambiance qu'Henri apporte à ses films par des fonds sonores sélectionnés, souvent interprétés par lui à la guitare, quelquefois des chants sardes. Cette fois l'apport de petits personnages dessinés, et l'inclusion de dessins explicatifs, enrichissent encore l'ambiance. Et aussi on voit que, subtilement, à des scènes qui mettent une chose en évidence, suit mais bien plus loin une scène basée sur cette même chose : c'est le cas du chêne-liège, ou à l'inverse celui de l'obsidienne. Enfin il a inclus dans quelques scènes des personnages dessinés de grandeur nature qu'il fait cohabiter un bref instant avec un personnage réel, en l'occurrence son épouse. Le modèle convivial qu'est l'Acorfi en sort encore renforcé, mais les applaudissements qui fusent à la fin du film vont bien à sa qualité et au plaisir éprouvé par tous les acorfiens. Et si ce compte-rendu ne rejoint pas du premier coup l'une ou l'autre des thèses développées par le cinéaste, n'en disons plus rien, car “tout doit rester secret”
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