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14 janvier 2014

 

 

 

Dino Buzzati, écrivain et journaliste aux talents multiples, et ses textes en lecture

par Colette Blondeau

 

 

presentsbellunoLa salle est pleine des adhérents de l’Acorfi lors de cette réunion de la Befana organisée pour eux.
Aprés les informations sur les activités en cours la Présidente rappelle en quelques mots, pour les nouveaux adhérents, la tradition de la Befana en Italie.
Ce thème est justement celui qu’avait dépeint avec talent il y a quelques années Colette Blondeau dans l’une de ses rares interventions. Cette fois elle va pour notre plaisir nous lire des contes de Dino Buzzatti.
Elle commence par un exposé de la vie et des œuvres de Buzzatti, accompagné d’images qui en mettent en valeur certains aspects. On illustre ainsi par une vue des Alpes italiennes que Buzzatti était né en Haute Vénétie et qu’il fût un fervent alpiniste, ce que rappelle une “via ferrata” portant son nom.
On savait qu’il avait été journaliste au Corriere della Sera, métier qu’il exerça toute sa vie. On savait moins qu’il fut correspondant de guerre de la Marine Italienne, peintre, dessinateur, décorateur de théâtre. Outre ses romans et nouvelles, il écrivit des pièces de théâtre. Génie multiple, il fut poète et aussi musicien, librettiste d’opéra, rien ne le laissait insensible. Il se maria très tard, quelques années avant sa mort. Son collègue et ami, Montanelli, écrivit la préface de sa dernière œuvre, que nous lit Colette.

 

buzzati1buzzati2Son roman le plus connu, “Le désert des Tartares”, porté au cinéma, y recueillit un succès moyen, dû sans doute, comme le pense Colette à la difficulté de porter en images l’atmosphère inexorable du temps qui passe, récurrente chez Buzzatti.
Très opportunément, Colette nous fait remarquer que Dino Buzzatti reçut l’influence, bien explicable, de Kafka, mais aussi du courant existentialiste. Ainsi  “La nausée” de Sartre précéda de peu “Le désert des Tartares”.
Les trois nouvelles offertes à la lecture sont du domaine fantastique, si cher à Buzzatti. Chaque fois Colette en lit une partie en italien, en faveur des adhérents qui dominent la langue.
La première nouvelle choisie, appelée “il mantello” (le manteau), est la plus poignante, et c’est celle qui permet à Colette de déployer au maximum ses talents de conteuse, on pourrait dire d’actrice tant elle rend bien la voix de la mère, usant tous les tons de sa sensibibilité, passant graduellement de la joie de revoir son fils, à l’incompréhension, au doute, à l’espoir vain, enfin à la terrible révélation de sa disparition.
La deuxième nouvelle, “la farfaletta” (le petit papillon), est un parfait échantillon de l’humour dont savait faire preuve le journaliste Buzzati, à l’aise dans la description des mœurs politiques italiennes de son temps. Colette allège le ton, adapte le rythme, comme s’il s’agissait d’un conte,  et sa voix nous restitue à merveille les divagations de “l’onorevole” (le député) Smith dans ses diverses personnifications. Tous les adhérents en suivaient les péripéties : le chœur des chauve-souris, le dialogue des bandits rebelles; amusés et conquis.
La troisième nouvelle, “le K”, est l’une des plus connues, Buzzatti y revient au thème de la fuite du temps. Très à l’aise, Colette Blondeau y démontre combien elle domine son sujet. Le ton devient plus descriptif, comme s’il s’agissait d’un article de Buzzatti pour son journal, mettant ainsi parfaitement la nouvelle en valeur.
C’est ainsi que se terminait la lecture des trois nouvelles de Buzzatti qu’avait choisies Colette Blondeau pour notre plaisir. Sa présentation se terminait, trop tôt pour les acorfiens qui applaudirent longuement et chaleureusement, avant de changer de salle pour la traditionnelle réception de la Befana.


©ACORFI