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8 mars 2011

 

Dans le Duché de Savoie de la contre-réforme

par Daniel LABRETTE

 

 

Notre guide qui nous avait conduit il y a quelque temps sur les pas de Marco Polo a sans doute aujourd’hui modéré ses ambitions mais pas notre plaisir. Ce fut en effet pour nous très agréable de parcourir en sa compagnie les 2O kilomètres du “Sentier baroque” en Haut-Faucigny, entre la Chaîne des Aravis et le Massif du Mont Blanc. Depuis le village de Cordon, qui domine Sallanches, nous avons cheminé jusqu’au-delà des Contamines-Montjoie, en suivant la vallée du Bon Nant pour découvrir des églises et chapelles édifiées, ou reconstruites ou décorées dans le style baroque du XVIIe siècle par des maîtres maçons (et des stucateurs) venus de l’autre côté des Alpes. Ce mouvement artistique qui fut longtemps déprécié — le mot d’origine portugaise désignant d’abord une perle irrégulière est devenu souvent synonyme de création foisonnante et même extravagante — s’est répandu à partir de 1620 dans toute l’Italie, puis en Europe, essentiellement dans le contexte religieux de la Contre-Réforme.

 

Daniel Labrette a insisté à juste titre sur le caractère original de ces églises rurales, édifiées souvent dans des lieux isolés, dont certaines renferment des œuvres d’une richesse inattendue. Il y a d’abord une cause économique : ces communautés montagnardes, liées à l’exploitation des alpages, se sont enrichies à partir du XVIe siècle grâce à l’industrie fromagère, et ont pu alors investir dans la Maison du Seigneur. Car l’autre cause est d’origine religieuse : il s’agit de la propagation de la foi, en particulier grâce aux missions inspirées par deux grands hommes d’église, sanctifiés depuis : Charles Borromée, italien né à Arona et François de Sales, français né à Thorens non loin d’Annecy. Dans l’esprit du temps, et en continuant la tradition moyenâgeuse, toute œuvre doit participer à l’élaboration d’un “catéchisme vivant”.

 

On peut dire aussi qu’à l’époque la Savoie était un territoire sous une double influence, français par la langue et les institutions, rattaché au Piémont par la culture ; il n’était donc pas étonnant que les artistes viennent d’Italie et ces bâtisseurs venaient tous du même canton : le Valsesia, ou vallée du fiume Sesia qui va du Mont Rose à Vercelli. On retrouve dans toutes ces églises du Faucigny — dont l’extérieur, outre le joli clocher à bulbe, est toujours avantagé par un arrière-plan de sombres sapins et de cimes enneigées — des caractères communs : une façade plutôt sévère, ornée seulement d’un fronton et de niches, parfois d’un large auvent décoré de peintures ou d’une croix portant tous les signes de la passion. Mais c’est à l’intérieur, sur les retables et leurs trois étages que ces artistes anonymes ont montré tout leur talent, que ce soit dans la petite chapelle des Chattrix ou dans le chœur monumental de Saint Nicolas de Véroce : superbes photos de notre guide qui nous a donné l’envie d’aller là-bas en Faucigny…

 André Lingois, par interim

 
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