Année 2008-2009 : 20 janvier 2009

Premiers grands succès à Milan
des opéras du jeune Mozart

par Nicole RICHARD.

Cette présentation des voyages de Mozart en Italie se déroule sur deux séances. La relation que nous fait Nicole Richard est imagée par des diapositives et enrichie d’extraits d’oeuvres de Mozart liées à ces voyages.
Un intérêt nouveau de cette relation est qu’elle concerne une partie de la vie de Mozart généralement peu connue.

Mozart fit trois voyages en Italie, entre décembre 1769 et mars 1771. Il était accompagné de son père Léopold.
Lors du premier voyage il n’a que 14 ans et à Londres il avait rencontré un fils de J-S Bach qui lui avait transmis le goût des opéras italiens et des oratorios. Ces voyages furent partiellement financés par le Prince-archevêque de Salzbourg, ami des arts.

Nicole Richard situe d’abord ces voyages dans la carrière du jeune Wolfgang Mozart, déjà pleine d’expériences et des compositions diverses. Elle explique le rôle de Léopold, père et impresario, mais aussi professeur. Les détails fournis dans les lettres conservées montrent à quel point, malgré un accueil toujours très favorable, les conditions de voyage furent pénibles à supporter, avec le temps - chaleur ou froid excessifs - le mauvais état et l’insécurité des chemins, des chambres d’hôtel..etc..

Le premier voyage fut le plus long, plus de 15 mois. A chaque halte d’une semaine - Vérone, Mantoue, plus tard Lodi et Parme, ils sont accueillis par des nobles ou de grands bourgeois mélomanes et donnent des concerts.

Le premier séjour à Milan dure plus d’un mois, reçus par le Comte Firmian qui leur commande un opéra. Ce sera «Mithridate roi du Pont». Ils rencontrent les compositeurs célèbres Piccinni (qui plus tard vint en France) et Sammartini. ainsi que le librettiste Metastase.

En Mars 1770 ils sont à Bologne, reçus par le Comte Pallavicini. Ils rencontrent Padre Martini, le meilleur théoricien du contrepoint, qui aura sur Wolfgang une grande influence.

Le bref séjour d’une semaine fait à Florence laisse sur Léopold une forte impression, mais il faut se diriger vers Rome afin d’y être durant la Semaine Sainte. La visite des monuments romains les enchante, mais Wolfgang continue d’écrire sans relâche.

Le 5 Juin ils sont à Naples. Il rencontrent le roi mais n’obtiennent rien de la Cour. Le travail continue, agrémenté de visites touristiques - le Vésuve et Pompei ont font partie.

Le passage à Rome lors du retour permet à Wolfgang de recevoir du Cardinal Pallavicini la Croix de Chevalier de l’Eperon d’Or, décernée par le Pape.

Le Comte Pallavicini les reçoit de nouveau à Bologne, mais cette fois dans sa maison de campagne, agréable durant la chaleur d’été. Puis à Bologne même ce sont les leçons de Padre Martini. Wolfgang passe l’examen d’admission et il est reçu comme Membre de l’Académie Philarmonique de Bologne.

Il faut retourner à Milan afin d’y composer l’opéra commandé. Ce sera «Mithridate roi du Pont», qui doit être joué le 26 Décembre. Il est grand temps, nous sommes le 18 octobre 1770.

La première partie s’achève ainsi. L’assistance, après avoir témoigné durant toute l’intervention d’un vif intérêt et d’une grande ferveur, doit à regret remettre à plusieurs mois la présentation de la seconde partie.

Compte Rendu MOZART EN ITALIE 20 Janvier 2009.

Nous avons laissé Mozart à Milan, occupé à écrire l’opera seria «Mithridate roi du Pont». Avant de commencer Nicole Richard nous explique ce qu’est un «opera seria».

Le sujet et l’action sont secondaires. On a recours le plus souvent à la Bible ou la mythologie. L’essentiel serait beaucoup de personnages, de types différents, dans l’action un étalage de vertus dans lesquelles le Prince commanditaire de l’opéra peut se reconnaître.

Le cadre musical exige de la rigueur : des récitatifs racontent l’action, atternant avec les arias, ceux-ci réclamant toute la virtuosité des chanteurs, devenus ainsi la véritable attraction de l’opéra. Dans cette situation le compositeur n’a plus, comme le disait Mozart, qu’à tailler ses arias sur les chanteurs.

Mozart sut venir à bout du travail énorme requis par ces conditions, à la satisfaction des chanteurs, et l’exécution du 26 décembre fut un franc succès, un air de la prima donna étant bissé, et la plupart suivis des cris «Viva il Maestrino».

Après nous avoir expliqué l’action de «Mithridate roi du Pont», Nicole Richard nous donne à écouter trois extraits de cet opéra.

Le séjour à Milan est entrecoupé d’un voyage à Turin pour participer à quelques académies et entendre un opéra de Paisiello.

Début février 1771 Wolfgang et son père partent pour Venise et y resteront un mois, à la période du Carnaval. Le séjour est agréable, la réception des familles patriciennes des plus chaleureuses. Mais il faut retourner à Salzbourrg.

Ils se rendent d’abord à Padoue, par la Brenta dans un bateau tiré par des chevaux et que Léopold a loué. Wolfgang y reçoit la commande d’un Oratorio de Carême pour l’année suivante, Encore des représentations à Vérone, et c’est le retour à Salzbourg.

Durant les quatre mois qui séparent les deux voyages en Italie, Wolfgang compose trois symphonies, trois sonates d’église, et l’oratorio commandé à Padoue. C’est «La Betulla liberata», le seul véritable oratorio de Mozart, on n’en connaît pas la date d’exécution, ni même si elle a eu lieu. Nicole Richard nous en détaille l’argument et nous fait entendre quelques extraits.

Quelques mois plus tard a lieu le second voyage qui durera quatre mois. En effet, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche leur a commandé une «Sérénade théâtrale» pour les noces de son fils Ferdinand qui auront lieu le 15 Octobre à Milan.

Ils arrivent le 21 Août à Milan, et le 25 Août Wolfgang reçoit le livret écrit par le poète Giuseppe Parini. La sérénade, qui s’appelle «Ascanio in Alba», est une image du mariage, transposée dans la mythologie antique. Mozart n’a que trois semaines pour composer les airs et les récitatifs, ainsi que la musique des choeurs et des ballets. Les répétitions se déroulent à merveille. Les chanteurs, dont le fameux castrat Manzuoli, sont ravis.

La pièce la plus importante de la fête n’est pas cette sérénade, mais un opéra du compositeur allemand Hasse. Nicole nous parle un peu de ce compositeur. célèbre à l’èpoque. Puis elle détaille l’argument d’«Ascanio in Alba» et nous laisse écouter des extraits choisis.

Le succès milanais fut tel qu’il fallut jouer la pièce une nouvelle fois. Ce ne fut pas le cas de l’opéra de Hasse qui n’en tînt pas rigueur à Wolfgang. Par contre l’impératrice, qui aimait Hasse, parut déconseiller à son fils de prendre Wolfgang à son service, dans une lettre qui montrait beaucoup de mépris pour Mozart et ses exhibitions européennes.

L’assistance, un peu refroidie, se réjouit immédiatement à entendre le premier divertimento de Mozart, composé à Milan.

La situation est moins réjouissante au retour de Mozart à Salzbourg. En effet, le Prince-archevêque, protecteur de Mozart, est décédé, et remplacé par le célèbre Colloredo, qui ne s’entendra pas avec Mozart.

Colloredo accepte néanmoins de le laisser partir pour Milan, où un grand opéra lui avait été commandé pour ouvrir la saison milanaise. C’est «Lucio Silla», qui ne reçut qu’un succès moyen par rapport aux précédents, et dont on entend un extrait.

Par ailleurs Wolfgang avait composé pour le castrat virtuose Rauzzini le motet «Exultate jubilate», dont Nicole nous fait écouter l’Alleluia final.

Malheureusement les espoirs qui avaient été placés dans d’autres commandes italiennes restent infondés, et Wolfgang et son père se trouvent contraints de rentrer à Salzbourg, où Wolfgang n’obtiendra qu’une place de premier violon. Malgré les succès de sa musique galante dans les salons salzbourgeois, malgré ses symphonies et ses concertos, il est un peu désemparé et cherche des conseils auprès de Padre Martini. Mais ce dernier se méprent peut-être sur l’objet de sa lettre, et lui conseille simplement de continuer à travailler.

Le dernier extrait musical qui nous est offert, est issu du premier mouvement du concerto Numéro 5, pour violon et orchestre, et clôt ainsi brillamment la conférence, largement applaudie par l’assistance qui demeure longuement sous le charme...

 

©ACORFI