La via Romana, plus exactement via strata, cest-à-dire chemin empierré, parfois pavé par opposition à la via rupta (ou chemin frayé, doù vient notre mot route) est davantage quun tracé, le plus rectiligne possible, mais une véritable construction. Le terme dailleurs de substruction serait dailleurs plus exact : la grande nouveauté (on peut dire quavant Rome, il ny avait pas de routes, mais des pistes) a été de superposer des couches diverses de matériaux ou des strates selon le schéma suivant :
En effet, cest aux entrées des villes et dans les passages difficiles ou inondables quon trouve ces dallages ; les voies élargies (de 4 à 8 mètres) comportaient des crépidines ou trottoirs de deux mètres de large. On trouve même des traces dornières de guidage.
La tradition veut que la première via strata ait été créée en -312 par le censeur Appius Claudius Caecus pour relier Rome à Capoue : cest la fameuse Via Appia (dont on admire les vestiges près des Catacombes, à lAppia Antica) ; elle fut ensuite prolongée jusquà Brundisium (Brindisi).
Pendant toute la période républicaine, un réseau de voies va se constituer à partir de lUrbs (comme chacun sait, tous les chemins partant de Rome y mènent forcément !) ; les plus connues sont : la Via Salaria (la route du sel vers lAdriatique), la Via Flaminia (du nom du consul Flaminius) vers Ariminum (Rimini), continuée par la Via Aemilia vers Placentia (Plaisance) et la Via Aurelia qui suit la côte ligurienne jusquà Genua (Gênes).
Au milieu du IIe siècle de notre ère, cest-à-dire à lépoque dHadrien, les Romains ont tissé une véritable toile daraignée autour de la Méditerrannée de plus de 100 000 km de voies de grande communication, et autant de voies secondaires. On pouvait aller par exemple en carpentum (solide voiture de voyage de Rome à Byzance), soit jusquà Brindisi avec traversée jusquà Dyrrachium (Durazzo ou Dürres en Albanie), puis par la Via Aegnatia à travers la Grèce devenue province romaine sous le nom dAchaie, soit en gagnant Aquileia (près de Trieste auj.) par la Via Postumia, puis en suivant la côte illyrienne.
La Gaule a bénéficié dun réseau dense et bien entretenu ; toute la zone méditerranéenne est provincia Romana depuis -118 ; la Via Domitia, tout au moins son tracé languedocien a été commencée en -121, de Nemausus (Nimes) à Tarraco (Tarragone) et Gades (Cadix) ; lautre tronçon va de Nemausus à Taurinum (Turin) par Apta Julia (Apt), Segustero (Sisteron) et Brigantium (Briançon) et le col du Mont Genèvre. En même temps, la Via Aurelia a été prolongée de Gênes à Nimes, desservant Nicaea (Nice), Forum Julii (Fréjus) et Aqua Sextiae (Aix).
Le long de ces voies, étaient aménagés des gites détape : les mansiones (mansio au singulier), à peu près tous les 3O km ; et tous les 15 km, étaient établis des relais : les mutationes, où lon changeait dattelage ; mais on trouvait un peu partout, notamment à chaque quadruvium (=carrefour) au moins une caupona, autrement dit un bistrot !
La via Romana donnait soif, elle aussi