Année 2003-2004 : 4 mai 2004

La via Domitia,

par Pierre Navier et André Lingois

 

 

Cette soirée débuta par une courte présentation des voies romaines par André Lingois, une sorte d'avant-propos à la vidéo réalisée par Pierre Navier à l'occasion du voyage culturel de la section orléanaise de l'association Guillaume Budé effectué en août 2002 : "En Occitanie, en suivant la via Domitia, du Perthus au pont du Gard"

Ces voies sont le symbole de la réussite, de la solidité et de la longévité de l’imperium Romanum.

La via Romana, plus exactement via strata, c’est-à-dire chemin empierré, parfois pavé — par opposition à la via rupta (ou chemin frayé, d’où vient notre mot route) — est davantage qu’un tracé, le plus rectiligne possible, mais une véritable construction. Le terme d’ailleurs de substruction serait d’ailleurs plus exact : la grande nouveauté (on peut dire qu’avant Rome, il n’y avait pas de routes, mais des pistes) a été de superposer des couches diverses de matériaux ou des strates selon le schéma suivant :

  1. après creusement, au fond, de grosses pierres en oblique : le statumen ;
  2. un bétonnage de pierres de grosseur moyenne : le rudus ;
  3. une couche de gravier + de l’argile + des fragments de tuileaux : le nucleus ;
  4. en surface (éventuellement) : de grosses dalles plates : le pavimentum.

En effet, c’est aux entrées des villes et dans les passages difficiles ou inondables qu’on trouve ces dallages ; les voies élargies (de 4 à 8 mètres) comportaient des crépidines ou trottoirs de deux mètres de large. On trouve même des traces d’ornières de guidage.

La tradition veut que la première via strata ait été créée en -312 par le censeur Appius Claudius Caecus pour relier Rome à Capoue : c’est la fameuse Via Appia (dont on admire les vestiges près des Catacombes, à l’Appia Antica) ; elle fut ensuite prolongée jusqu’à Brundisium (Brindisi).

Pendant toute la période républicaine, un réseau de voies va se constituer à partir de l’Urbs (comme chacun sait, tous les chemins partant de Rome y mènent forcément !) ; les plus connues sont : la Via Salaria (la route du sel vers l’Adriatique), la Via Flaminia (du nom du consul Flaminius) vers Ariminum (Rimini), continuée par la Via Aemilia vers Placentia (Plaisance) et la Via Aurelia qui suit la côte ligurienne jusqu’à Genua (Gênes).

Au milieu du IIe siècle de notre ère, c’est-à-dire à l’époque d’Hadrien, les Romains ont tissé une véritable toile d’araignée autour de la Méditerrannée de plus de 100 000 km de voies de grande communication, et autant de voies secondaires. On pouvait aller par exemple en “carpentum” (solide voiture de voyage de Rome à Byzance), soit jusqu’à Brindisi avec traversée jusqu’à Dyrrachium (Durazzo ou Dürres en Albanie), puis par la Via Aegnatia à travers la Grèce devenue province romaine sous le nom d’Achaie, soit en gagnant Aquileia (près de Trieste auj.) par la Via Postumia, puis en suivant la côte illyrienne.

La Gaule a bénéficié d’un réseau dense et bien entretenu ; toute la zone méditerranéenne est “provincia Romana” depuis -118 ; la Via Domitia, tout au moins son tracé languedocien a été commencée en -121, de Nemausus (Nimes) à Tarraco (Tarragone) et Gades (Cadix) ; l’autre tronçon va de Nemausus à Taurinum (Turin) par Apta Julia (Apt), Segustero (Sisteron) et Brigantium (Briançon) et le col du Mont Genèvre. En même temps, la Via Aurelia a été prolongée de Gênes à Nimes, desservant Nicaea (Nice), Forum Julii (Fréjus) et Aqua Sextiae (Aix).

Le long de ces voies, étaient aménagés des gites d’étape : les mansiones (mansio au singulier), à peu près tous les 3O km ; et tous les 15 km, étaient établis des relais : les mutationes, où l’on changeait d’attelage ; mais on trouvait un peu partout, notamment à chaque quadruvium (=carrefour) au moins une “caupona”, autrement dit un bistrot !

La via Romana donnait soif, elle aussi…

Pour approfondir :

Sur le web :

 

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