Année 2003-2004 : 10 février 2004

Michel-Ange, un homme héroïque,

par Sylvie Barbier

 

Michel-Ange de VolterraLes œuvres admirables de Michel-Ange font oublier les convulsions de l'histoire à son époque. Il y fît face, démontrant en toutes circonstances cette qualité rare qu'est l'héroïsme. L'exposé, sur un arrière-plan de luttes incessantes, met en scène de multiples personnages, comme Savonarole, Jules II, les Médicis, les grands peintres, architectes et sculpteurs de la Renaissance, mais aussi les papes à Avignon, le sac de Rome, la Réforme, la naissance de la langue italienne à laquelle le poète Michel-Ange prit part par de merveilleux sonnets.

Dates situant Michel-Ange dans son temps :

David1504 - coup d'éclat de Michel-Ange avec le David placé devant la Seigneurie. L'admiration est générale.

Quelques extraits de "Rime" Recueil de poèmes de Michel-Ange

D'abord le fameux quatrain composé pour la statue de la Nuit, sculptée à la chapelle Médicis de Florence

Caro m'è il sonno, e più l'esser di sasso
mentre che 'l danno e la vergogna dura.
Non veder, non sentir m'è gran Ventura.
Pero non mi destar; deh, parla basso!

Cher m'est le sommeil, plus encore d'être en pierre
Tandis que durent le mal et la honte
Ne pas voir ni entendre m'est grande chance
Mais ne m'éveille pas, de grâce, parle bas

(Traduction littérale)

Puis deux des poèmes écrits pour Vittoria Colonna, le deuxième après sa mort

Un uomo in una donna, anzi uno dio
per la sua bocca parla,
ond'io per ascoltarla
son fatto ta!, che ma' più sarô mio.
I' credo ben, po' ch'io
a me da lei fu' toito,
fuor di me stesso aver di me pietate;
si sopra 'l van desio
mi sprona ii suo bel voito,
ch'i' veggio morte in ogni altra beltate.
O donna che passate
per acqua e foco l'aime a' lieti giorni,
deh, fate c'a me stesso più non torni.

Un homme en une femme, ou bien plutôt un dieu
va parlant par sa bouche,
et moi, pour l'avoir ouïe,
jamais plus désormais,
je ne serai mon maître.
Puisqu'elle m'a ainsi enlevé à moi-même,
je devrais, du dehors, avoir pitié de moi.
Tant, au-dessus du vain désir,
me transporte son beau visage
qu'en toute autre beauté je ne vois que la mort.
O Dame qui mènes les âmes
à travers eau et feu au bienheureux séjour,
de grâce, que jamais je ne revienne à moi.

 

Quai meraviglia è, se prossim'al foco
mi strussi e arsi, se or ch'egli è spento
di fuor, m'afflige e mi consuma drento,
e 'n cener mi riduce a poco a poco?
Vedea ardendo si lucente il loco
onde pendea il mio greve tormento,
che sol la vista mi facea contento,
e morte e strazi m'eran festa e gioco.
Ma po' che del gran foco b splendore
che m'ardeva e nutriva, il ciel m'invola,
un carbon resto acceso e ricoperto.
E s'altre legne non mi porge amore
che lievin fiamma, una favilla sola
non fie di me, si 'n cener mi converto.

Est-ce merveille, alors que le feu du dehors
s'est éteint qui m'incendiait, si je demeure
consumé au-dedans d'une cruelle ardeur
qui, petit à petit, va me réduire en cendres?
Tout en brûlant, je découvrais si rayonnant
le lieu d'où provenait mon lancinant supplice
que sa vue seule me donnait contentement
et que mort et tourments m'étaient fête et délice.
Or le Ciel m'a pris la splendeur du grand foyer
dont mon ardeur était nourrie : je ne suis plus
qu'une braise, vive encore, mais enfouie.
Et si l'Amour ne me fournit point d'autres bois
qui la rallume, il ne restera plus de moi
la plus petite étincelle: rien que des cendres.

(Traduction 1893)


Église Saint Pierre (Basilique primitive)

Pour approfondir :

Sur le web : Bibliographie (ouvrages présents à la Médiathèque d'Orléans :

Michel-Ange : C 18164, C 181 120, C181 129, et M 2 574

Biographies, lues et donc approuvées par Michel-Ange :

On peut aussi consulter, avec profit et plaisir :

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