Année 2002-2003 : 4 février 2003

H.V. Morton, voyageur en Italie,

par Geneviève Dadou

 

H.V. Morton, très connu du monde anglo-saxon, vécut de 1892 à 1979. Reporter et écrivain, il connut la célébrité en “couvrant” pour le compte des journaux anglais la découverte par Carter de la tombe de Tontenkhamon en 1922. Il parcourut en voyageur passionné la Grande-Bretagne, l’Irlande, l’Espagne, la Palestine, et surtout l’Italie.

Son style alerte et dépouillé, sa recherche du pittoresque, son attachement aux traditions locales, son humanisme naturel, ont fait le succès de ses livres de voyage.

Ses voyages en Italie lui ont inspiré trois livres, demeurés apparemment sans traduction française ou italienne : “A traveller in Italy”, “A traveller in Rome”, et “A traveller in Southern Italy”. C’est ce dernier livre, “Un voyageur en Italie du Sud”, écrit en 1969, qui fait l’objet de cette passionnante conférence, agrémentée de nombreuses photos.

Parti de Rome, en s’arrêtant à Tivoli et Avezzano, et traversant les Abruzzes, Morton se dirige vers la plaine du Fucino. Il s’agit d’un ancien lac, asséché depuis les romains et le Moyen-Age, exploité par l’agriculture qui l’a divisé en de véritables polders.

H.V. Morton, très connu du monde anglo-saxon, vécut de 1892 à 1979. Reporter et écrivain, il connut la célébrité en “couvrant” pour le compte des journaux anglais la découverte par Carter de la tombe de Toutenkhamon en 1922. Il parcourut en voyageur passionné la Grande-Bretagne, l’Irlande, l’Espagne, la Palestine, et surtout l’Italie. Après le Fucino on aborde la région des Marsi (un peuple de l’âge du fer), appelée la Marsica, pour arriver à Sulmona, puis à Cocullo, où Morton est témoin de la procession à Saint Dominique Abate, dite procession des serpents. Pour ce jour, les “serpari” ont chassé de très nombreuses vipères, dont la foule décore la statue du saint que l’on mène en procession jusqu’à l’église. La description animée que fait Morton de cette singulière manifestation nous est fidèlement transmise par la conférencière qui nous en restitue toute l’ambiance.

C’est ensuite le Gargano et le début de la terre des “iapigi”, antiques habitants de la région. C’est à l’âge du fer que des Illyriens, venus de la rive orientale de l’Adriatique, s’amalgamèrent à la population locale pour donner naissance aux Iapiges, nom donné par les grecs qui voyaient en eux des descendants de Dédale par son fils Iapige.

A Santa Maria di Siponto, près de Manfredonia, Morton visite longuement la basilique, et accorde son attention à l’extraordinaire abondance des ex-voto qui en tapissent la crypte. Puis c’est le Monte Sant’Angelo, point culminant du Gargano, et lieu du pélerinage à Saint Michel Archange.

Morton ne manque pas de visiter San Giovanni Rotondo, la ville de Padre Pio, dont la conférencière rappelle qu’il mourut en 1969, peu de temps après la sortie du livre de Morton. Ce dernier rend un témoignage ému de la dévotion extraordinaire du peuple pour Padre Pio, objet d’une vénération qui demeure bien après sa mort.

Poursuivant vers les Pouilles, Morton a l’écho dans la région de Ruvo et de Bitonto, de la remarquable collection privée Jatta de céramiques, connues pour leur originalité et leur beauté.

Le passage à Bari est l’occasion pour Morton de décrire la fête de Saint Nicolas. C’est une fête nautique, la procession sur l’eau de la statue de Saint Nicolas, suivie d’une nuée d’embarcations.

Le passage à Tarente est l’occasion de rappeler encore le souvenir des Iapiges, dont la cavalerie s’illustra dans la défense de la cité grecque contre les romains.

Une autre population qui s’est dispersée dans ces terres (de Foggia à Bari), et dont Morton rappelle le souvenir, est celle des albanais, que l’on retrouve plus tard en Calabre.

Dans son livre, Morton a décrit longuement le célèbre site des “sassi” de Matera, au passé grec et byzantin, qui d’abord le surprend par ses immeubles modernes, et dont il découvre ensuite, du clocher de la cathédrale, le labyrinthe de grottes et d’habitations creusées dans la montagne, dans un pittoresque achevé mais avec des conditions de malpropreté qui l’impressionnent. Ces quartiers, plutôt abandonnés au temps où les décrivait Carlo Levi dans “Le Christ s’est arrêté à Eboli” ont pourtant cessé de se dégrader, après qu’ils furent vidés de leurs habitants par plusieurs lois de 1952 à 1967, qui les firent se transférer dans des villages des environs. Quelques grottes étaient encore habitées lors du passage de Morton.

A présent le site de la vieille ville de Matera, classé par l’Unesco dans le Patrimoine de l’Humanité renaît. De nombreuses églises rupestres, des fresques naïves, ont été sauvées, et Matera est devenue une étape de tourisme très recherchée.

En visitant Metaponte (Basilicate), Morton se lamente sur l’incurie dans laquelle est laissé le site grec (des champs de tabac, dit-il) lieu du temple d’Hera. C’est l’occasion de remarquer les progrès accomplis par les fouilles réalisées depuis son passage.

Pénétrant en Calabre, Morton donne une attention particulière à l’ensemble que constituent Gerace et Locri, deux anciennes cités situées à dix kilomètres d’une de l’autre. De Locri, cité grecque située près de la mer et rivale de Crotone, il reste peu de choses, si l’on excepte la ville moderne. Morton, après nous avoir fait connaître les curiosités du musée de Locri, décrit la beauté du cadre du temple de Perséphone, situé à l’intérieur des terres.

A Locri succéda Gerace, une cité médiévale construite par les fugitifs de Locri sur des hauteurs protégées des invasions sarrasines. Aux souvenirs grecs font suite les restes de l’implantation normande, dans un site d’une grande beauté. Morton visite minutieusement la cité, admirant particulièrement la citadelle et la cathédrale.

La visite de Crotone et Capo Colonna par Morton lui laisse un goût amer : en effet, du temple d’Hera Lacinia, aux magnifiques colonnes massives, et de ses peintures décoratives, il ne reste qu’une colonne.

Morton décrit abondamment la Sila, magnifique massif boisé qui rappelle la Suisse, puis l’Aspromonte , autre massif qui domine le détroit de Messine. Tous deux approchent 2.000 mètres.

En Calabre, Morton s’est intéressé particulièrement aux implantations anciennes des réfugiés albanais fuyant l’invasion turque. A Reggio Calabria il visite attentivement le musée archéologique en compagnie du Conservateur et, après avoir contemplé de Scilla les rivages de la Sicile, il termine son voyage à Bagnara, sur les bords de la mer Tyrrhénienne.

Geneviève Dadou, outre le plaisir qu’elle nous a fait partager de sa lecture du livre de Morton, nous a fidèlement transmis l’émotion ressentie par Morton au contact de la population locale, demeurée authentique, sincère et si accueillante aux visiteurs.

 

Sources :

 

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