11 avril 2023
par Camille RONDIER
Une des caractéristiques inhérente à Giorgio Bassani est d’être issu d’une famille bourgeoise « mixte », càd juive par son père, mais catholique par sa grand-mère maternelle. Cette appartenance juive, il ne s’en rendra réellement compte que lors de la promulgation des lois raciales sous le régime fascisme italien dans la période 1938-43. À travers la question juive, mais aussi indépendamment d’elle, ce qui interpelle chez les personnages de G. Bassani, c’est la forme d’ostracisme dont sont victimes nombre d’entre eux. Marqués par des comportements ou des appartenances spécifiques, ils sont enfermés dans des typologies promises à l’exclusion de la part d’une certaine société bourgeoise et bien-pensante. Cette ghettoïsation trouve un parallèle dans la ville même de Ferrare, enceinte de murs et vouée à un certain repli sur elle-même, tout comme sont repliés ces protagonistes souvent murés dans leurs silences. Ferrare elle-même est un personnage : rues, remparts, nommés et décrits avec précision et de nombreuses fois répétés, au point qu’il serait presque possible de dresser un plan de la ville telle que l’a connue (ou partiellement déformée) l’écrivain. C’est cette description minutieuse des lieux qui concourt en premier lieu à la perception que les romans de Giorgio Bassani sont quasiment autobiographiques. Mais cette émergence du « je » est progressive : dans ses premiers textes, l’auteur commence d’abord par un « nous » duquel se dégage progressivement un « je narrant ». Alors réalité ou fiction ? La question ne trouvera pas forcément sa réponse. |
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