Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2022-2023 11 avril 2023
GIORGIO BASSANI Le roman de Ferrare entre réalité et fiction
Par Camille RONDIER, avec comme lectrice Mireille GIRAULT Camille Rondier notre conférencière de jour nous avait présenté la saison dernière : Goliarda SAPIENZA, une voix libre, qui nous avait beaucoup intéressés. C'est pourquoi les amateurs d'auteurs italiens de la salle Érasme attendaient beaucoup de cette causerie intitulée : Giorgio Bassani : le Roman de Ferrare, entre réalité et fiction Giorgio Bassani dans ses romans n’est pas avare de détails, ni sur les dates ni sur les descriptions de lieux. Cette posture concourt en premier chef à la perception que ses écrits sont quasiment autobiographiques. Cependant l’émergence d’un « je narrant » est progressive : dans ses premiers textes, l’auteur commence d’abord par un « nous » duquel se dégage progressivement un « je ». Toute la question de l’exposé a été de débattre entre ce qui était réalité ou fiction dans ses œuvres. Cette hésitation à s’engager commence par le fait de nommer Ferrare par sa simple initiale majuscule « F » jusqu’au jour, où voulant « garantir la réalité historique et objective des choses », Giorgio Bassani en vient à écrire Ferrare en entier. C’est une première manière d’oser s’impliquer, de trouver une place qui ne soit pas secondaire et de surmonter ce quasi-besoin de l’effacement donné par son appartenance juive, appartenance sans conséquence jusqu’à la promulgation, par le régime fascisme, des lois raciales de 1938, où l’auteur alors est bien obligé de prendre en compte la forme d’exclusion que revêt le fait d’être de confession juive.
À travers l’étude des textes qui composent Le roman de Ferrare, on peut voir émerger de façon de plus en plus pressante ce « je narrant » qui trouve son point culminant dans Derrière la porte où de nombreux faits relèvent d’une réalité attestée par la vie même de Giorgio Bassani. Reste qu’un de ses derniers textes, Le héron, le plus profondément pessimiste de l’auteur, est écrit à la 3e personne. Alors doit-on penser, comme le souligne Pier Paolo Pasolini, que la prose de Giorgio Bassani « n’exprime pas la réalité, mais qu’elle y renvoie » ? Donc, à chacun de voir à travers sa propre lecture ce qu’il en est vraiment de la vérité et de ses distorsions. Cette conférence fut fort appréciée par l'assistance.
Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.
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