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22 octobre 2022
Albert CAMUS en Italie
par Guy BASSET
Pour la première conférence de notre saison 2022-2023, donnée le 11 octobre, nous avons accueilli pour la première fois Guy BASSET, membre du conseil d'administration de la Société des Études Camusiennes. Il a choisi comme sujet :
On l’ignore souvent, mais l’Italie est le pays dans lequel Albert Camus s’est rendu le plus souvent, il y séjourna à cinq reprises : dans sa jeunesse, avant-guerre en 1936 et 1937, puis de nouveau en 1954 et 1955 et enfin en 1959, c’est-à-dire au sortir de ses études et jusqu’à la veille de sa mort. À Alger, l’Italie exerce une certaine fascination. Par ailleurs, la presse quotidienne donne à Alger des échos sur l’actualité italienne.
Pour Albert Camus, l’Italie est constitutive d’abord de la culture méditerranéenne. Réhabiliter la Méditerranée qu’il veut vivante n’a rien à voir avec revenir à la Rome antique ou approuver la politique fasciste de l’Italie. Lors de son premier voyage l’été 1936, marqué par le naufrage de son premier mariage, il séjourne à Venise et à Vicente. L’année suivante, en 1937, il visite Gênes, Pise et Florence, et Fiesole ; sensible à l’art italien.
Sa rencontre avec la littérature italienne, trouve sa première forme dans le compte rendu qu’il donne à Alger Républicain, du livre Pain et vin d’Ignazio Silone, qui deviendra ultérieurement un ami, et par la publication dans la revue Rivages de Cecchi et Eugenio Montale. C’est avant-guerre, en Algérie, qu’il fait la connaissance de Nicola Charmonte, dont il sera très proche.
En décembre 1954, Camus est invité par l’Association culturelle italienne à donner en divers lieux une conférence « L’artiste et son temps ». Il séjourne à Turin, Gênes, Milan, Rome, Naples, Sorrente, Paestum, Pompéi. Il passe le mois d’août 1955 en Italie avec Maria Casarès (Venise, Urbino, Sienne...). Les Carnets et la correspondance comportent de nombreuses descriptions et échos de tous ses cinq voyages en Italie.
En mars 1955, il avait adapté un texte de Dino Buzzati, auteur avec qui il était entré en relations (Un cas intéressant). En juillet 1959, c’est pour le théâtre que Camus effectua son dernier voyage en Italie, à Venise, à l’occasion de la représentation de son adaptation des Possédés de Dostoïevski. Les pièces de Camus ont été mises en scène, dès son vivant, par de grands metteurs en scène italiens, et la première adaptation cinématographique de L’Étranger le fut par Marcello Mastroianni. Les œuvres de Camus furent traduites très tôt en Italie et ont fait l’objet de nombreuses études par la communauté intellectuelle italienne, qui comprend plusieurs spécialistes de l’œuvre de Camus. Cette soirée se conclut sous les applaudissements de l’auditoire.
