Retour à la page de présentation des conférences de la saison 2015-2016 12 janvier 2016
Histoire des relations italo-albanaises de l'antiquité à nos jourspar Gérard LAUVERGEON
Les acorfiens venus nombreux ont très apprécié lʼidée de leur présenter lʼhistoire des relations entre lʼItalie et lʼAlbanie son petit voisin; le sujet demeure très actuel, et Gérard Lauvergeon notre conférencier nous a dépeint à fond ces relations, décrivant en même temps lʼAlbanie elle-même, sous tous les angles, historique, géographique, économique et politique. Un voyage récent que firent Gérard Lauvergeon et son épouse en Albanie, reçus par des familles albanaises, lui a permis dʼapporter une documentation et des images récentes, et de donner à sa conférence lʼexpression du vécu, toute à notre avantage. Il nous montre le parcours suivi en Albanie sur une carte quʼil a dessinée, et quʼon peut trouver dans le diaporama ainsi que de belles photos du voyage. Commençant par la situation de lʼAlbanie vis-à-vis de lʼItalie, et signalant la faible distance qui les sépare, il rappelle les proportions (ou plutôt les disproportions) entre les deux nations, et leurs similitudes géographiques et de climat. On passe ensuite à lʼhistoire de lʼAlbanie, constamment mêlée à celle de lʼItalie, et résumée en grandes périodes : les temps barbares de lʼIllyrie, la soumission à Rome, à laquelle succède Byzance, la présence vénitienne et la domination turque, enfin de nos jours la création de lʼAlbanie, lʼaventure fasciste italienne suivie de la dictature communiste, et de nos jours la liberté et la démocratie. On termine par un aperçu économique très complet. En passant on peut admirer les images, commentées, des vestiges des monuments romains dʼAppolonia, Butrint, et dʼautres sites. Du reste, chaque époque de lʼhistoire est illustrée et commentée. Pour Venise, une carte de la Mer Méditerranée nous montre lʼétendue des possessions vénitiennes, et on rappelle la présence dʼalbanais à Venise démontrée par la Scuola de Sainte Marie des Albanais. Pour Byzance ce sont les restes des églises byzantines ou le monastère Saint-Naum. En ce qui concerne la domination turque on note, outre lʼinfluence encore sensible sur lʼarchitecture, le côté pittoresque du quartier turc de Berat. Un chapître spécial pour le hèros national, Skanderberg à qui les albanais doivent la première et brève tentative dʼindépendance, au 15° siècle. Cʼest à la même période que remonte la première émigration en Italie des “arberesh”. Cʼétaient des chrétiens orthodoxes, qui fuyaient la domination turque. Etablis dans diverses localités du Sud de lʼItalie, ils maintiennent encore en partie leur langue et leurs traditions. Nous avons beaucoup apprécié le souci de précision et de profondeur quʼapportait le conférencier dans toutes ses indications, par exemple en nous renseignant sur les diverses appellations des noms de lieux (romaine, italienne, albanaise). Le ton familier nous convenait bien, comme les évocations de personnages exceptionnels, telles celle de Mère Térésa, de père albanais. Dans un registre différent, la citation dʼun personnage dʼHergé dans “le Sceptre dʼOttokar”, inspiré du roi Zog dʼAlbanie. Alexandre Dumas trouva lui aussi lʼinspiration de lʼun de ses personnages du “Comte de Monte Christo”, dans le gouverneur turc Ali Pacha. Lʼexistence de la minorité Valaque est lʼoccasion dʼexpliquer la situation, lʼétendue, et la singularité de cette communauté. On est tout aussi surpris dʼapprendre lʼaventure du détachement français à Korça (ville située près de la Grèce) durant la première guerre mondiale, qui eut pour conséquence la brève existence du lycée français dans cette ville. Après lʼentrée en guerre de lʼItalie en 1915 - dont on eut lʼexplication détaillée -, les relations avec lʼItalie occupèrent toute lʼhistoire de lʼAlbanie - pratiquement annexée - jusquʼà lʼavénement dʼun communisme très dur qui entraîna une vaste vague dʼémigration vers lʼItalie, illustrée par le débarquement à Bari du vapeur “Vlora” chargé de milliers de réfugiés. Et pour finir, cʼest la situation actuelle, économique et de société, de lʼAlbanie qui nous est présentée, dʼabord par quelques photos bien choisies de paysages actuels (y compris les blockhaus de lʼère communiste, qui abondent ), qui rappellent la pauvreté agricole de lʼAlbanie. La société albanaise est frappée de plusieurs maux, dʼabord la “loi du Kanun”, un type de vendetta (il nous est conseillé de lire “Avril brisé” du grand auteur albanais Kadaré) puis la méconnaissance absolue des règles prudentielles en matière dʼépargne, qui favorisa une vaste escroquerie pyramidale et lʼeffondrement du système bancaire albanais de 1995 à 1997. Notre conférencier ajoute à ce tableau pessimiste la persistance de la corruption et des groupes mafieux, mais souligne en parallèle les atouts du tourisme, au début de son développement comme le montre une photo de la station balnéaire de Saranda. Cʼest du reste le tourisme et le commerce qui attirent les italiens, consommateurs et travailleurs. Lʼacceptation de la candidature européenne de lʼAlbanie permet de terminer sur une note optimiste, saluée par les applaudissements chaleureux des acorfiens, suivis de questions très diverses, sur la langue albanaise, les rêves de “grande Albanie”, la culture et la monnaie. La plupart des questions ont reçu leur réponse, comme les précisions concernant lʼalbanais, répandu au delà des limites de lʼAlbanie, ou sur la vendetta de nos jours, sur les musées, et surtout reçurent les encouragements du conférencier à visiter ce beau pays, avec ses conseils appuyés dʼexemples dus à lʼexpérience. Et sur ces recommandations se clôturait cette soirée très réussie.
Vous pouvez écouter (et voir) la conférence en suivant les liens ci-dessous.
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