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3 novembre 2015

 

"Vésale"

par Alain SEGAL

Alain SegaltitreAyant très apprécié les conférences précédentes d'Alain Segal, que nous rappelle Claude Viviani en prologue, les acorfiens attendaient beaucoup de celle-ci, qui répondit pleinement à leurs attentes.
Le thème proposé du médecin anatomiste Vesale, convenait certes à notre conférencier, lui-même médecin spécialiste, et l'on aurait pu craindre un exposé technique et difficile d'accès.
C'était mal connaître Alain Segal qui sut utiliser toute la richesse des images pour mettre à notre portée un domaine en principe ardu. Mieux, sa pédagogie, son amour du détail, son souci historique, mais aussi sa verve intarissable, lui valurent un intérêt soutenu et la participation active des spectateurs. Ajoutons qu'Alain Segal sait naturellement partager le style de convivialité qui est le propre de l'Acorfi.
Il commence en détaillant le plan qu'il a choisi : d'abord le cours de la vie de Vesale, puis l'illustration de son oeuvre majeure, la Fabrica, enfin les circonstances de la conservation d'un des rares exemplaires de “La Fabrica” à Reims.
Exposer la vie de Vesale n'était pas chose facile, tant il eut de lieux de vie et d'activités, de sa ville natale de Bruxelles, à son origine hollando-rhénane, de ses études à Louvain à sa formation en Italie, de son service pour Charles-Quint puis en Espagne pour Philippe II, à sa disparition dans l'île Ionienne de Zante.
Changement de rythme avec la deuxième partie : présentation de la “Fabrica” oeuvre majeure de Vésale, réalisée en gravure sur bois. On nous explique à quels artistes sont dus les dessins et leurs décors, la minutie de la mise en page, des corrections, à quoi l'on doit la qualité exceptionnelle du rendu, on nous apporte les preuves des interventions de l'auteur sur la copie, on nous relate ses visites à Bâle où se trouve l'imprimeur, bref c'est toute la construction de cet ouvrage monumental qui nous est exposée.
Enfin c'est le complément de Reims, qui conserve un rare exemplaire de La Fabrica : le conférencier, grand connaisseur de sa ville et de son passé, nous emmène au couvent des Minimes lieu de cette conservation, et nous en conte l'histoire.
Tout serait à retenir de cette conférence, passionnante de bout en bout, mais essayons néanmoins de dégager certains passages qui nous ont le plus marqué.
D'abord, on reste frappé du sort affreux réservé à Michel Servet, que rappellent les traces roussies laissées sur un fragment de son oeuvre arraché au bûcher.
Ailleurs on apprend la pratique réglementée et partielle de la dissection à cette époque, et le développement progressif et lent des connaissances médicales qui en résultait. Mais aussi ce besoin intense de connaissance qui habitait les grands médecins témoins de la carrière de Vésale, que le conférencier nous fait connaître, toujours en quelques paroles descriptives, tout en nous en présentant le portrait.
Justice est rendue en passant au rôle fondamental des grandes écoles de médecine italiennes de l'époque, Padoue, Ferrare et Bologne, dans la formation aux sciences de la médecine et à la pratique médicale.
En même temps le conférencier nous rappelle le souci qu'avaient les grands peintres et sculpteurs italiens dans la connaissance du corps humain qu'ils étaient appelés à représenter.
Pour souligner le rôle important joué par les souverains qui s'attachaient les services des grands médecins, on les décrit ou l'on recourt aux anecdotes : ce sont Charles Quint, puis Philippe II, sans oublier la consultation générale au chevet d'Henri II.
vesalelivreAvec La Fabrica, oeuvre magistrale de Vésale, que présente brillamment notre conférencier, nous voici gagnés par ses sentiments d'admiration, sans négliger l'attention prêtée aux moindres détails. Il nous fait admirer le talent du peintre, Jan Van Calcar, mais aussi la valeur instructive de dessins d'une grande précision.
Nous aimons constater la présence des paysages vénitiens à l'arrière-plan, mais surtout d'apprécier, non seulement la qualité du travail du peintre (élève du Titien) et de l'imprimeur bâlois, plus encore tout le soin et la minutie apportés par Vésale au moindre détail, son souci de la correction, et finalement la passion elle-même qu'apporte notre conférencier à nous présenter ces exceptionnelles illustrations.
Pour mieux mettre en évidence la qualité de La Fabrica, Alain Segal avait sans doute examiné profondément l'édition de l'ouvrage conservée aux Archives Municipales de sa ville, Reims. Il s'est d'abord assuré qu'il s'agissait de la première édition, celle de 1543, et nous en apporte la preuve par une démonstration très précise et par mise en évidence visuelle des corrections, dans l'esprit même, et le souci d'exactitude, de l'oeuvre de Vésale qu'il est appelé à commenter.
On ne lui en voudra pas s'il y ajoute l'explication de la présence à Reims de cette édition exceptionnelle de La Fabrica, nous permettant d'apprécier une fois de plus ses qualités de conteur. A travers les tribulations de l'ouvrage, des Minimes et de leur couvent, de Côme et Damien saints patrons des chirurgiens, on verra peut-être dans cette présence de La Fabrica à Reims, l'incitation à cette brillante présentation, saluée à son terme par les applaudissements nourris de tous les acorfiens.




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